Le ministre d’Etat belge André Flahaut a jugé inopportune la politique des sanctions menée actuellement par la communauté internationale en République démocratique du Congo.
Au cours d’un entretien exclusif ce jeudi 15 juin 2017 à ACTUALITE.CD, ce membre du Parti Socialiste belge a regretté que le débat politique se limite au niveau de la présidence et du nombre des mandats. Citant en exemple le cas de la chancelière allemande qui brigue son 4ème mandat, André Flahaut dit ne pas comprendre comment l’Allemagne pourrait donner de leçon du nombre des mandats au continent africain.
<i>“Aujourd'hui, par les schémas qui sont imposés d'élections présidentielles, l’on ne s’occupe plus que de la présidence où il y a un siège pour beaucoup de candidats. On réduit le débat politique à cette dimension, alors que le débat politique doit aussi se construire dans les collectivités locales et remonter. Moi, je dis que madame Merkel va commencer son 4ème mandat en Allemagne, personne ne dit rien. En Afrique aujourd’hui, je ne plaide pas pour la prolongation des mandats. Mais il est clair que quand les Allemands font la leçon aux Africains en disant “deux mandats et pas un de plus”, en Allemagne il y a 4 mandats qui se suivent”.</i>
Pour le ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ne prêter attention qu’à l'élection présidentielle en oubliant de commencer le processus par la base, c’est-à-dire les élections locales, serait construire une maison par le sommet en négligeant la fondation.
<i>“Analyser une situation au travers de nos prismes d’analyses, nous ne pouvons pas le faire. C’est la raison pour laquelle tous les processus d’élections ont été imaginés à l’époque de l’extérieur, dans des réunions qui se tenaient même à l’extérieur des pays concernés. On a imposé des calendriers d’élections et on s’est trompé, parce qu’on a construit des maisons par les sommets plutôt que de construire les fondations. Il eût fallu travailler par la base et par l’organisation d'élections locales sans oublier les chefs coutumiers dans le processus pour amener les personnes à adhérer dans le processus de reconstruction d’un pays”</i>
Pour André Flahaut, la politique des sanctions ne va apporter aucun résultat, sinon le durcissement du gouvernement congolais. Le ministre d’Etat juge “pas bonne” la façon d’agir de la communauté internationale mais indique, à l'inverse, que la réaction des autorités congolaises n’est pas non plus bonne. Selon lui, il faut une médiation, un point d’équilibre basé sur le respect mutuel.
<i>“Il faut retrouver un point d’équilibre entre l’expression de la communauté internationale qui ne raisonne plus aujourd’hui qu’en terme des sanctions et les autorités au niveau du Congo qui disent “on n’a pas besoin de la communauté internationale”. On vit dans un monde où le Congo a besoin de la communauté internationale et la communauté internationale a besoin du Congo. Parler de politique des sanctions et multiplier les appels aux sanctions ne va donner aucun résultat. Je crois que cette façon d’agir de la communauté internationale n’est pas bonne et la réaction congolaise n’est pas bonne non plus. Donc, il faut trouver un moyen de médiation entre les deux ensembles, mais un moyen basé sur le respect mutuel et pas la politique du gros doigt”.</i>
André Flahaut est actuellement ministre d’Etat belge, mais aussi ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il a également exercé d’importantes fonctions au sein du gouvernement fédéral belge et a été président du parlement belge, pendant 4 ans.
<b>Jacques Kini </b>