Kalamba (président de l’Assemblée provinciale) : “Au Kasaï, les agents de l’Etat sont en fuite”

François Kalamba, président de l’Assemblée provinciale du Kasaï, juge très préoccupante la situation sécuritaire dans cette partie centrale de la RDC. Dans une interview accordée ce vendredi 5 mai 2017 à ACTUALITE.CD, il estime que les institutions de l’Etat ne fonctionnent plus dans beaucoup de localités de cette province.

Il avoue, entre autres, que l’Assemblée provinciale du Kasaï avait sollicité du gouvernement provincial le report de l’enrôlement des électeurs dans cette partie du pays, avant la décision de la Ceni.

<b>Comment se présente la situation au Kasaï en ce moment ?</b>

<em>La situation est précaire et volatile à cause des incursions des milices dans beaucoup de localités, même dans la ville de Tshikapa. On est en train de se battre avec les moyens qui sont les nôtres. Beaucoup de localités sont sous le contrôle des rebelles. Dans le territoire de Tshikapa, de Luebo, à Ilebo, il y a encore des poches d’insécurité. La situation est très préoccupante dans ces coins-là.</em>

<b>Ces gens que vous qualifiez des rebelles sont-ils toujours des éléments Kamwina Nsapu ?</b>

<em>Ils se réclament de Kamwina Nsapu. Ce sont des bandits qui se sont constitués. Ils utilisent des moyens magiques et fétichistes pour détruire les tissus économiques, pour s’en prendre aux gens par des égorgements. Les enfants sont utilisés soit comme combattants soit comme boucliers humains. Ils sont armés, ils ont des machettes, leurs bâtons magiques, des couteaux…</em>

<b>Comment fonctionnent les institutions de l’Etat entre-temps ?</b>

<em>La plupart des institutions ne fonctionnent pas. Beaucoup de responsables ont pris la poudre d’escampette, ils se sont réfugiés ailleurs. Les agents de l’administration, les enseignants, les chefs de secteur sont en fuite. L’Assemblée provinciale fonctionne puisque la ville est encore un peu sécurisée.</em>

<b>Qu’est-ce que la police et l’armée font là ?</b>

<em><span style="font-weight: 400;">Ils tentent de faire le mieux qu’ils peuvent. C’est grâce à eux qu’on tient encore le coup.</span></em>

<b>Est-ce que l’option prise par la Ceni de reporter l’enrôlement au Kasaï vous inquiète ?</b>

<em><span style="font-weight: 400;">Non. Cela est venu après notre recommandation à l’Assemblée provinciale ordonnant au gouvernement provincial de solliciter le report compte tenu de la situation sécuritaire.</span></em>

<strong>Interview réalisée par Stanys Bujakera</strong>