Naufrage au Maï-Ndombe : « Comment peut-on entasser des hommes, des femmes et des enfants parmi des sacs de braise et des paniers de poissons ? », s’interroge l’évêque d’Inongo

Photo d'illustration
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« Nos vies ont-elles encore de la valeur ? », c’est la question que se pose l’évêque d’Inongo, Monseigneur Donatien Bafuidinsoni, après le naufrage survenu il y a une semaine sur le lac Maï-Ndombe. Dans un message officiel, le prélat a exprimé son indignation face à la violation de la dignité humaine dans le secteur des transports au Maï-Ndombe, naufrage après naufrage, sans aucun changement. Dans son message, il regrette que toutes ses recommandations formulées après des drames sur les rivières et le lac n’aient reçu aucune suite, malgré la succession des événements malheureux.

« Combien de fois n’ai-je pas appelé, supplié, exhorté chacun à prendre conscience de l’état lamentable de nos embarcations ?... Et au milieu de ces échos de souffrance, je n’entends trop souvent que des lamentations éphémères, vite recouvertes par le brouhaha du quotidien, des discours qui occultent notre incurie par la recherche d’un bouc émissaire, nous mobilisent le temps que le lac en furie s’apaise… Jusqu’au prochain drame. Puis la vie reprendra son cours normal, comme si de rien n’était », écrit-il.

Il juge anormal que des êtres humains soient mêlés à la marchandise, sans dignité, comme s’ils faisaient partie d’un même ordre.

« Nos vies ont-elles encore un sens, une valeur, lorsque certains armateurs ne voient que leurs intérêts immédiats ? Comment tolérer que l’on entasse des hommes, des femmes, des enfants parmi des sacs de braise et des paniers de poissons, comme s’ils étaient du même ordre que les chèvres, les tortues ou les poules gémissantes attachées et immobilisées sur la toiture ? Ce n’est pas seulement la dignité des animaux qui est piétinée, mais surtout celle des êtres humains, exposés aux vents, au gré des vagues, des averses… », ajoute-t-il.

Le prélat catholique invite le gouvernement à faire respecter les normes dans le domaine des transports, notamment l’interdiction de la surcharge, le port obligatoire des gilets de sauvetage et le contrôle technique.

Le naufrage survenu le jeudi 27 novembre dernier a fait 23 morts et 83 rescapés, sur un total de passagers estimé à 110 personnes. Parmi les victimes figure le diacre Ferdinand Ikela, ordonné le 23 novembre dernier.

Jonathan Mesa