Dialogue RDC–UE : Kinshasa attend la fin des dissonances pour un consensus entre les 27 États membres et une action cohérente face à l’agression rwandaise via l’AFC/M23

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Martinez Berlanga, ambassadeur de l’UE en RDC

Au nom du gouvernement de la République démocratique du Congo, le Vice-Premier ministre, ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement, Jean-Pierre Bemba Gombo, a procédé au dixième niveau de l'immeuble du gouvernement à l’ouverture du Dialogue de partenariat RDC–UE, en présence d’officiels congolais et des ambassadeurs des États membres de l’Union européenne.

Ce premier dialogue tenu après l’accord de Samoa signé le 15 novembre 2023 et succédant à l’accord de Cotonou, a offert l’occasion aux autorités congolaises de rappeler l’importance qu’elles accordent à la cohérence et à la crédibilité des positions européennes, notamment concernant la guerre dans l’Est de la RDC et l’agression rwandaise menée via la rébellion de l’AFC/M23.

"Nous saluons l’engagement humanitaire substantiel récemment réaffirmé en faveur des populations affectées par la crise. Mais cette mobilisation essentielle, qui répond aux conséquences du conflit, ne trouve pas toujours son pendant dans une urgence politique équivalente pour en traiter les causes. Nous constatons souvent les difficultés à dégager un consensus entre 27 États membres, pourtant sur des principes fondamentaux tels que la dignité humaine et l’intégrité territoriale", a rappelé Jean-Pierre Bemba Gombo.

Le Vice-Premier ministre a exprimé le souhait de voir ce dialogue ouvrir une nouvelle page de collaboration permettant de mettre fin aux dissonances qui caractérisent encore les positions européennes sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC.

"Un accord devrait aller de soi. Dans cet esprit, nous souhaiterions mieux comprendre comment certains instruments, tels que le mémorandum d’entente conclu en 2021 avec le Rwanda  malgré l’appel du Parlement européen à sa suspension pourraient évoluer afin de refléter pleinement les valeurs qui fondent notre partenariat. Nous formulons ces observations dans un esprit de dialogue constructif, convaincus que cette session nous aidera à dépasser ces dissonances et à renforcer la cohérence de notre action commune", a-t-il insisté dans son discours

Pour Jean-Pierre Bemba Gombo, le partenariat entre la RDC et l’UE constitue bien plus qu’une formalité diplomatique : c’est une nécessité stratégique.

"Conformément à l’article 3 de l’accord de Samoa, nous souhaitons que cette session débouche sur des engagements concrets, assortis d’un mécanisme conjoint de suivi, d’un tableau de bord partagé et d’une mise en œuvre transparente et mesurable. La Première ministre souhaite que les travaux de ce dialogue soient fructueux. C’est ensemble, engagés et confiants, que nous pourrons écrire un nouveau chapitre ambitieux et porteur de notre histoire commune", a souligné Jean-Pierre Bemba Gombo.

Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis lundi 24 février à Bruxelles pour examiner la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, notamment le rôle du Rwanda dans le soutien au M23. Une première série de sanctions a été adoptée, incluant la suspension du dialogue politique en matière de sécurité et de défense avec Kigali, un signal politique fort destiné à rappeler les responsabilités du Rwanda dans le conflit.

Cependant, une seconde vague de sanctions, visant une entité rwandaise et neuf responsables impliqués dans les violences dans les Kivu, n’a pas été adoptée. Selon RFI, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Xavier Bettel, a exercé son droit de veto, l’unanimité étant requise pour valider ce type de mesure. Il a justifié sa position par la nécessité de « laisser une chance » aux négociations en cours, notamment la réunion ministérielle conjointe SADC–EAC prévue le 28 février.

Clément MUAMBA