Paris : après la confirmation de sa compétence et le rejet de l’exception soulevée par Roger Lumbala, la Cour d’assises entame l’étape des auditions des témoins

ACTUALITE.CD

L’affaire Roger Lumbala, examinée par la Cour d’assises de Paris, entre cette semaine dans une nouvelle phase décisive marquée par l’ouverture des auditions des témoins. Cette étape intervient après que la Cour a rejeté l’exception d’incompétence soulevée par l’ancien ministre et ex parlementaire Roger Lumbala Tshitenga, confirmant ainsi qu’elle était habilitée à examiner les accusations de crimes internationaux portées contre Roger Lumbala Tshitenga. 

Selon la documentation consultée par ACTUALITE.CD, ce lundi 24 novembre 2025, avant-midi, la Cour auditionnera un témoin, ancien officier militaire congolais et ex membre du RCD-KML puis du RCD-N. Considéré comme un témoin " insider ", il apportera des éclairages sur la structure du groupe RCD-N. L’après-midi sera consacré à l’audition des premières victimes de Bafwasende, actuellement située dans la province de la Tshopo, anciennement intégrée à l’espace de la Grande Orientale et considérée comme le principal maquis du groupe. Le mercredi 26 novembre 2025, la Cour entendra dans la matinée les premières victimes pygmées, puis l’après-midi les premières victimes de violences sexuelles. Les jeudi 27 et vendredi 28 novembre seront consacrés aux témoignages des victimes d’Epulu, toujours dans la même région.

La documentation ajoute que le lundi 1er décembre sera dédié à l'audition des victimes de Mambasa actuellement dans la province de l'Ituri. Le mardi 2 décembre 2025, dans l’après-midi, un prêtre italien cité comme témoin par le ministère public sera auditionné. Selon la documentation, il s’agit d’un religieux ayant vécu les événements de Mambasa. Le mercredi 3 décembre 2025, ce sera le tour des victimes de Mandima, principalement dans des affaires de violences sexuelles. Les jeudi 4 et vendredi 5 décembre 2025 seront réservés aux experts psychologues. Enfin, au cours de la semaine du 8 décembre, la Cour d'assises procédera à l’audition des témoins et victimes en visioconférence, y compris les témoins cités par la défense.

Lors de la précédente audience tenue la semaine dernière, la Cour d'assises de Paris en France a jugé que le ministère public avait vérifié, lors de l’ouverture des poursuites en 2021, l’absence de procédure devant la Cour pénale internationale (CPI) ainsi que l’absence de demande d’extradition valable de la République démocratique du Congo (RDC), et que des demandes ultérieures ne pouvaient pas remettre cela en cause.

TRIAL International, partie civile, a salué cette décision qu’elle considère comme une étape permettant au procès de dépasser les objections préliminaires pour entrer dans l’examen du fond. « Même si M. Lumbala a choisi de ne pas comparaître à l’audience, cette décision réaffirme avec force la solidité et la légitimité du processus judiciaire », a déclaré Daniele Perissi, estimant que la compétence universelle constitue « le mécanisme qui donne enfin » du poids à la voix des victimes « qui attendent depuis vingt ans d’être entendues ».

Les avocats de Roger Lumbala contestent la légitimité de la justice française à juger leur client, poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, notamment des meurtres, actes de torture et viols commis en 2002 et 2003 en Ituri et au Nord-Kivu. Ils affirment que la justice congolaise « fonctionne très bien aujourd’hui », et rappellent que l’État congolais a demandé à plusieurs reprises son extradition.

Roger Lumbala Tshitenga, ancien dirigeant du RCD-N, mouvement armé actif durant la Seconde Guerre du Congo, a également été ministre du Commerce entre 2003 et 2005 et candidat à la présidence en 2006. Il est accusé de complicité de crimes contre l’humanité commis dans le cadre de l’opération « Effacer le tableau ». Selon le dossier de presse, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. 

Clément MUAMBA