Butembo, importante ville commerciale du Nord-Kivu, accueille de ce vendredi 17 au samedi 18 octobre le deuxième Forum de connexion commerciale Ouganda-RDC. Initié par l'Ouganda, ce forum dont la première édition a vécu en Ouganda, se veut un cadre de renforcement des liens commerciaux entre les deux pays qui entretiennent d'importants échanges commerciaux. Ce deuxième rendez-vous est parrainé par le gouverneur militaire du Nord-Kivu, représentant du ministre du commerce extérieur qui se retrouve à Washington dans le cadre d'un autre Forum commercial USA-RDC.
Selon le gouvernement provincial du Nord-Kivu, ce forum de connexion commerciale Ouganda-RDC vise à “renforcer les liens commerciaux entre les deux pays pour une transformation socio-économique”. Plusieurs invités séjournent déjà à Butembo, notamment les officiels et opérateurs économiques ougandais, ainsi que leurs homologues congolais. Durant deux jours, ils vont discuter des opportunités et du climat des affaires.
Pour la province du Nord-Kivu, ce forum est une opportunité de connexion importante pour les opérateurs économiques, surtout ceux de la province congolaise qui entretiennent d'importants échanges commerciaux avec l'Ouganda.
Au-delà d'être un principal pays de transit des produits manufacturés importés par les villes congolaises du Nord-Kivu (Butembo, Beni, Goma) et celles de l'Ituri (Bunia, Mahagi et Ariwara) ainsi que des ressources naturelles (or, cacao, café et bois) exportées par la RDC, l'Ouganda est un partenaire commercial important pour la RDC.
Dès 2020 déjà, le volume d'échanges commerciaux entre le pays de Yoweri Museveni et la RDC était évalué à plus 300 millions de dollars l'année. Ce qui serait déjà revu à la hausse, avec le boom du cacao dans l'est de la RDC.
Un Congo insécurisé, sans usine et sans mécanisme efficace contre la fraude
Dans ce partenariat commercial, le Congo demeure fragile. D'un côté affecté par l'activisme des milices, des rebelles (AFC/M23), et des islamistes (ADF) qui freinent l'élan du développement socio-économique du pays. D'un autre côté, les rares productions congolaises disponibles, essentielles des ressources naturelles (minerais et bois) et des cultures industrielles (cacao, café, banane) sont exportées brutes vers ou via l'Ouganda, faute d'usines de transformation, empêchant le pays de tirer bénéfice de la valeur ajoutée de ses ressources. Et ces produits sont exportés vers ou via l'Ouganda, certains le sont par fraude. Certains opérateurs économiques congolais et agents des services étatiques qui se sont confiés à ACTUALITE.CD ont accusé la multiplicité des services et des taxes qui poussent les commerçants à contourner la procédure légale d'import-export. Ce qui bénéficie parfois à l'Ouganda qui profite de ces produits exportés frauduleusement pour les labelliser à son actif, gonflant ainsi ses chiffres de production sur le marché commun.
Au Forum de Butembo, ces défis feront donc l'objet des discussions
L'agenda prévoit notamment vendredi 17 octobre, des panels publics sur les opportunités d'affaires et d'investissement, du cadre légal des échanges commerciaux ainsi que les modalités de collaboration entre les chambres de commerce de deux pays.
Le samedi, un panel à huis clos axé sur le commerce et la sécurité transfrontalière va réunir le comité provincial de sécurité et une équipe restreinte de la délégation ougandaise, avant un dîner d'affaires qui va clôturer ce deuxième forum de connexion commerciale.
Claude Sengenya