L'ex président de la République, Joseph Kabila, au pouvoir entre 2001 et 2019, a écopé de la peine de mort devant la Haute cour militaire, qui l’a jugé par contumace pour notamment trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. Sa famille politique, le Front Commun pour le Congo (FCC), crie non à la condamnation de Kabila, mais à celle de l'État de droit.
À travers un communiqué, mardi 30 septembre, jour où est tombé le verdict de l'affaire de l'ancien chef de l'État, le FCC remet en cause la procédure qu'il qualifie «d'illégale», et regrette, quant à elle, la condamnation «de toutes les conquêtes démocratiques», tout en promettant un combat contre la décision de la Haute cour militaire.
« Pour le FCC, la condamnation qui, au terme d'une procédure illégale de bout en bout, vient d'être prononcée contre son autorité morale ce jour, n'est pas seulement celle d'un homme, ancien président de la République soit-il. C'est aussi et surtout celle de l'Etat de droit et de toutes les conquêtes démocratiques obtenues de haute lutte par notre peuple depuis bientôt deux décennies. C'est en cela qu'elle est inacceptable. C'est pour cela qu'elle doit et sera combattue. Sans répit. Avec détermination. Jusqu'à ce que la tyrannie soit vaincue. Et elle le sera », peut-on lire dans ce document signé par Raymond Tshibanda, président de la cellule de crise du FCC.
La plateforme politique de Joseph Kabila, en exil, estime que la décision rendue par la Haute cour militaire a été dictée « par celui qui, se rêvant en monarque absolue, a fait le pari de gouverner notre beau et grand pays par la terreur, comme il en a fait la démonstration à plusieurs reprises, de manière de loin plus monstrueuse, avec notamment les massacres de Kilwa, des adeptes de la secte Wazalendo à Goma et bien d'autres.»
Dans sa décision, la Haute cour militaire a épousé les allégations portées contre Joseph Kabila. Elle affirme qu’à Goma comme à Bukavu, il tenait de « véritables réunions d’état-major pour la conduite des hostilités », qu’il procédait à des « inspections dans des centres d’instruction » des rebelles de l’AFC/M23, et qu’il avait été « le chef incontesté de tous les mouvements rebelles qu’a connus le pays depuis la rébellion de Mutebusi ». La Cour le qualifie de « chef de la coalition AFC/M23 ».
Concernant les débats autour de sa nationalité, les parties civiles avaient présenté Joseph Kabila comme « Rwandais ». La Cour s’est déclarée incompétente sur cette question, renvoyant ces demandes devant le gouvernement et précisant qu’elle ne statuerait que « sur la personne et les faits ». La Haute cour militaire a aussi rejeté la demande de mise sous séquestre des biens de Joseph Kabila formulée par l’auditeur général des FARDC.
Samyr LUKOMBO