Alors que la Haute Cour militaire s’est prononcée ce mardi 30 septembre dans le cadre du procès de Joseph Kabila, condamnant à mort l’ancien chef de l’État congolais, Emmanuel Ramazani Shadary rejette catégoriquement la légitimité du verdict, qu’il qualifie de manœuvre politique visant à affaiblir un acteur majeur de la scène nationale.
Interrogé par Actualite.cd, le secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) dénonce ce qu’il considère comme un procès politique « inique », orchestré selon lui par un régime dictatorial. Il affirme qu’aucune preuve matérielle ne justifie les accusations portées contre Kabila.
« C’est une vaste blague. Dès le début, nous avions dit qu’il s’agissait d’une décision politique inique, d’un procès bidon, monté dans un régime dictatorial. Aucun élément nouveau n’a été présenté, nous ne sommes pas étonnés », a déclaré Shadary à la suite du verdict.
Le candidat à la présidentielle de 2018 pour le compte du PPRD soutient que la décision rendue ce jour est le fruit d’une manipulation politique préparée depuis de longue date par la hiérarchie au pouvoir. Il évoque une série d’actions ciblées : retrait de la garde rapprochée de Kabila, perquisitions, restrictions de déplacement, et levée de ses immunités parlementaires.
« On savait ce qui allait arriver. La volonté manifeste de la dictature en place, c'est d'éliminer, neutraliser un acteur politique majeur devenu incontournable face à la situation chaotique de ce pays. Nous pensons que cette théâtralisation de la politique congolaise est allée au-delà de l'acceptable », poursuit-il.
Quant à la suite des événements, M. Shadary appelle à la vigilance, à la sérénité et à l’unité nationale, en particulier au sein de son parti : « on ne craint rien, on reste serein. Nous demandons à tous nos camarades du PPRD de rester vigilants, concentrés car il ne s'agit que de simples intimidations. »
Dans sa décision, la Haute cour militaire a épousé les allégations portées contre Joseph Kabila. Elle affirme qu’à Goma comme à Bukavu, il tenait de « véritables réunions d’état-major pour la conduite des hostilités », qu’il procédait à des « inspections dans des centres d’instruction » des rebelles de l’AFC/M23, et qu’il avait été « le chef incontesté de tous les mouvements rebelles qu’a connus le pays depuis la rébellion de Mutebusi ». La Cour le qualifie de « chef de la coalition AFC/M23 ».
Japhet Toko