Journée mondiale de la contraception en RDC : Dr Béatrice Mbo appelle à lever les tabous et à renforcer l’accès

Journée mondiale de la contraception
Journée mondiale de la contraception

À l’occasion de la Journée mondiale de la contraception célébrée chaque 26 septembre, le DeskFemme d’ACTUALITE.CD s’est entretenu avec Béatrice Mbo, gynécologue-obstétricienne. Elle revient sur les enjeux, les méthodes disponibles et les défis liés à l’accès à la contraception en République démocratique du Congo.

Pourquoi la contraception est-elle considérée comme un enjeu de santé publique en RDC ?

Béatrice Mbo : La contraception va bien au-delà de la simple planification familiale. Elle contribue à réduire la mortalité maternelle et infantile en évitant les grossesses non désirées ou trop rapprochées. Pourtant, près d’une femme sur quatre en RDC souhaiterait espacer ou éviter une grossesse mais n’utilise pas de méthode moderne.

Quelles sont les principales méthodes contraceptives disponibles aujourd’hui ?

Béatrice Mbo : Les options sont variées : pilules, injectables, implants, dispositifs intra-utérins (DIU) et préservatifs. Le choix doit toujours être personnalisé après un entretien médical qui prend en compte la santé, le mode de vie et les préférences de la patiente. Aucune méthode n’est universelle.

Certaines femmes craignent des effets secondaires ou une infertilité après l’arrêt. Qu’en est-il réellement ?

Béatrice Mbo : C’est une idée reçue. La plupart des méthodes n’ont pas d’impact durable sur la fertilité. Les effets secondaires existent mais ils sont généralement temporaires et doivent être expliqués clairement lors de la consultation.

Quels obstacles freinent encore l’accès à la contraception en RDC ?

Béatrice Mbo : Plusieurs défis persistent : le coût, les ruptures de stock dans les structures de santé, mais aussi les tabous socioculturels. Beaucoup de jeunes filles craignent d’être jugées ou pensent que la contraception favorise la promiscuité, ce qui est faux.

Quelles actions recommandez-vous pour améliorer la situation ?

Béatrice Mbo :Deux priorités : renforcer le financement public afin d’assurer un approvisionnement régulier et gratuit des méthodes essentielles, intégrer une éducation sexuelle complète dans les écoles pour que les adolescents disposent d’informations fiables dès le plus jeune âge.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes et aux couples ?

Béatrice Mbo : Chaque femme et chaque couple a le droit de décider librement du nombre et de l’espacement des naissances. La contraception est une question de santé, mais aussi de droits humains.

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka