Le Ministre d'État de la Justice, Guillaume Ngefa a dévoilé les grandes priorités de son action à la tête de ce portefeuille avec un accent particulier sur la lutte contre la corruption et l’amélioration des conditions carcérales. Arrivé dans un secteur miné par la corruption et des prisons surpeuplées, Guillaume Ngefa promet des réformes pour assainir la chaîne judiciaire, renforcer l’État de droit et moderniser l’administration de la justice.
Lors de son premier briefing de presse ce mercredi, le garde des sceaux congolais a déploré que des avocats de la République collaborent avec leurs confrères des parties adverses pour faire condamner l’État à des amendes de plusieurs millions, qu’ils se partagent ensuite.
Pour faire face à cette situation, le nouveau ministre a annoncé la mise en place de règles strictes à savoir : obligation pour les avocats de la République de travailler au sein de cabinets faisant preuve d’éthique et organisés, spécialisation dans les domaines concernés et sanctions exemplaires en cas de corruption.
« En ce qui concerne les avocats de la République, j'ai clairement dit que je vais lutter contre la corruption. C’est un secteur où il y avait beaucoup de cas de corruption, donc on va mettre de l'ordre, on va choisir des avocats qui vont représenter la République et qui ne vont pas être de connivence avec les parties adverses pour faire condamner la République à payer des millions, ça pour moi c'est très clair », a fait Guillaume Ngefa.
Il affirme avoir « refusé de signer des documents pour payer certains avocats dont je ne voyais même pas les rapports d'audiences et je ne voyais pas pourquoi on doit les payer ».
« Il faut faire une évaluation, on va faire certainement une évaluation parce que si nous voulons aider le Président de la République, si nous voulons effectivement lutter contre la corruption, il faut que nous puissions avoir des règles de transparence, ça c'est clair pour moi ».
Au cours de son intervention, Guillaume Ngefa a reconnu que la perception de la justice par la population reste largement négative. « La justice est perçue comme corrompue, inefficace et affaiblie par un déficit de moyens », dit-il.
Selon le ministre, le manque de magistrats, les mauvaises conditions carcérales et l’insuffisance d’infrastructures compromettent significativement l’indépendance et la crédibilité de la justice en République Démocratique du Congo mais également certains magistrats véreux, et l’ensemble de l'appareil judiciaire : avocats, greffiers, huissiers et même certains représentants de l’État.
Autre priorité pour Guillaume Ngefa concerne le renforcement de l’État de droit et cela dit-il, passe par une meilleure collaboration avec le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une cartographie des besoins judiciaires sera établie, notamment pour adapter le fonctionnement des juridictions et des prisons aux réalités des 26 provinces que compte la République Démocratique du Congo.
Le ministre a salué le projet de création d’un parquet financier adopté par le gouvernement avant son arrivée et considère ce document comme une « innovation majeure » pour protéger les intérêts de l’État et assainir la gestion publique mais aussi améliorer le climat des affaires. Il est revenu également sur la nécessité de moderniser l’administration de la justice par la digitalisation des dossiers. Il a rappelé qu’un incendie survenu en 2020 à la prison de Kasapa (Lubumbashi) avait détruit plusieurs documents, laissant à ce jour 262 détenus sans statut juridique clair. « Une telle situation est inacceptable », a-t-il déploré.
Clément Muamba