Ayant permis à des millions d'enfants de reprendre le chemin de l'école depuis sa mise en œuvre en 2019, la gratuité de l'enseignement primaire public ne peut ni s’arrêter ni être suspendue puisqu’il s’agit non seulement d’une disposition constitutionnelle. Telle est la position du gouvernement de la République face à l'arrêté du 30 août dernier du gouverneur du Nord-Kivu pro AFC/M23 portant fixation des frais de scolarité dans les écoles publiques et privées agréées. Selon ce document, les parents d'élèves sont redevables du paiement d'un montant dont le seuil minimal est de 9000 FC et le seuil maximal 45 000 FC par trimestre et par élève.
L'éducation étant une des priorités du gouvernement, le ministère de l'éducation nationale et nouvelle citoyenneté entend consolider cette mesure tout au long de cette nouvelle année scolaire 2025-2026. Au cours d'un briefing presse tenu jeudi 4 septembre 2025, le gouvernement appelle les dirigeants de l'AFC/M23 à revenir à la raison en retirant cet arrêté. Pour Raïssa Malu Dinanga et Patrick Muyaya, la gratuité de l’enseignement primaire public est un principe constitutionnel intangible, non négociable et irréversible.
"On ne peut en aucune manière dire que le gouvernement renonce à la gratuité, ce n'est pas ce qu'on a fait l'année passée, vous avez bien vu on a continué la gratuité même au Nord et Sud-Kivu, on a organisé l'examen d'État comme dans n'importe quelle province, on paie de nos enseignants, on paie les frais de fonctionnement donc on ne revient pas, on ne remet pas en question.La gratuité de l'enseignement primaire public reste d'actualité sur l'ensemble du territoire national" a fait savoir la Ministre d'État, ministre de l'éducation nationale et nouvelle citoyenneté.
Et d'ajouter :
"Le gouvernement va continuer de payer les enseignants des provinces éducationnelles Nord-Kivu 1 et Nord-Kivu 3, les frais de fonctionnement des écoles et nous demandons que cet arrêté soit retiré, qu'ils en reviennent strictement aux directives que j'ai partagées à tous nos gouverneurs sur l'ensemble du territoire. Ne vous inquiétez pas, les populations ne doivent pas s'inquiéter, l'opinion publique non plus, nous sommes toujours dans le cadre de la gratuité. Nous réaffirmons cette gratuité et tous frais supplémentaires qui seraient demandés sont illégaux et doivent être immédiatement annulés pour respecter à la fois nos lois nationales et internationales".
Pour la Ministre d'État, ministre de l'éducation nationale et nouvelle citoyenneté Raïssa Malu Dinanga, les parents et élèves déjà victimes des affres de la guerre et de la crise socio-économique ne peuvent plus reprendre le fardeau de la prise en charge des frais scolaires.
"Il est clair que la gratuité est maintenue et actée dans la Constitution. À quel type d'élèves ou parents on demande des frais ? Ceux qui sont déjà entrain de subir des souffrances absolument indicibles, ici c'est vraiment un appel à la raison pour demander que l'on revienne et qu'on applique bien cette mesure de la gratuité qui est bien d'actualités et que l'on pense aux familles qui souffrent énormément, on ne peut pas leur rajouter des poids supplémentaires. L'État comme il l'a fait, il va continuer à le faire c'est-à-dire à payer les enseignants, les frais de fonctionnement", a rassuré la ministre de tutelle Raïssa Malu Dinanga.
De son côté, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement insiste sur la dimension souveraine de la politique éducative en RDC. À l'en croire, étant illégaux, les autorités de l'AFC/M23 ne peuvent pas prendre des mesures pareilles.
"Les forces d'occupation n'ont aucun droit, aucune légitimité de prendre des mesures de cette nature parce-que Souvenez-vous lorsque nous vous parlions ici de la déclaration de principes, il est fait référence à la Constitution qui doit être respectée, pensez pouvoir revenir sur une option, un principe intangible, non négociable et irréversible obtenu en faveur des parents et des élèves. Pour les examens d'État, face aux difficultés des parents et élèves, le gouvernement de la République avait suppléé un certain nombre de frais pour soulager la population et les parents ", a souligné le ministre de la Communication et Médias.
La date du lundi 1er septembre 2025 a marqué la rentrée scolaire 2025–2026 en République démocratique du Congo, avec plus de 29 millions d’élèves, y compris dans les zones sous contrôle de l'AFC/M23. Pour cette nouvelle année scolaire, la ministre d’État, ministre de l'éducation nationale et nouvelle citoyenneté Raïssa Malu tient à la formation de citoyen·ne·s responsables à travers les clubs scolaires et le Serment du citoyen.
D'après ce membre du gouvernement Suminwa, cette nouvelle année scolaire est placée sous le signe de la continuité des réformes majeures à savoir la gratuité de l’enseignement primaire, le renforcement de la qualité éducative, la promotion de l’égalité des chances,l'intégration des technologies pour un apprentissage inclusif.
Clément MUAMBA