L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a été condamné à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo. Ses coaccusés, Déogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et Christo Grobler, entrepreneur sud-africain, ont écopé de cinq ans de prison. Plus de 285 millions de dollars destinés à deux projets majeurs ont été détournés, d’après l’Inspection Générale des Finances. Malgré les accusations, les peines prononcées restent en dessous des réquisitions initiales du parquet.
La Cour constitutionnelle a justifié sa compétence à juger Matata Ponyo, en affirmant que l’immunité parlementaire ne protège pas une personne, mais la fonction, et que les poursuites ont été engagées avant son élection comme député. Ce raisonnement a été contesté par l’Assemblée nationale, dont le président Vital Kamerhe a dénoncé une violation de la Constitution. La Cour a toutefois maintenu que l’affaire avait dépassé la phase où l’autorisation de poursuites était nécessaire, invoquant la séparation des pouvoirs pour défendre la légitimité de sa décision.
Matata Ponyo et ses avocats ont toujours soutenu que ce procès était motivé politiquement. Ils estiment que cette affaire resurgit chaque fois que le pouvoir cherche à affaiblir ses opposants ou à les contraindre à rejoindre sa coalition. L’ancien Premier ministre accuse la Cour constitutionnelle d’être instrumentalisée, citant le renvoi de son ancien président Dieudonné Kaluba, qui avait auparavant refusé de juger un ex-chef de gouvernement. Pour Matata, cette affaire est une tentative de dissuasion politique.
Au-delà des condamnations, la Cour a ordonné la confiscation des biens des trois condamnés. Ces mesures sont considérées comme des sanctions pénales, et non comme un remboursement des fonds détournés. La défense a annoncé son intention d’introduire une requête en inconstitutionnalité, prolongeant ainsi une affaire judiciaire marquée par de nombreux rebondissements depuis son ouverture en 2021.