RDC : le MNS remet au gouvernement le livre blanc ayant documenté les crimes graves et massifs perpétrés par le RDF-M23 à la prise de Goma et Bukavu de janvier à avril 2025

Jacquemain Shabani recevant le livre blanc ayant documenté les crimes graves et massifs perpétrés par le RDF-M23
Jacquemain Shabani recevant le livre blanc ayant documenté les crimes graves et massifs perpétrés par le RDF-M23

D'un volume de 119 pages, le livre blanc, intitulé : « crimes graves et massifs commis à la prise et l'occupation de Goma et Bukavu par le RDF-M23 de janvier à avril 2025, rédigé par le mécanisme national de suivi de l'accord-cadre d'Addis-Abeba (MNS), a été officiellement remis au gouvernement, par le truchement du vice-premier ministre chargé de l'intérieur et sécurité, Jacquemain Shabani, qui a salué un travail rigoureux qui suscite «un appel à la conscience collective et à une action urgente». 

Au cours d'une activité qui s'est déroulée mardi 20 mai 2025 au musée national, à Kinshasa, devant des membres du gouvernement et le corps diplomatique accrédité au pays, au musée national de la RDC, le professeur Ntumba Luaba Lumu, coordonnateur du MNS, a expliqué que ce document, qui s'inscrit en droite ligne de la commémoration du Genocost( génocide commis en RDC pour des raisons économiques), est d'une très grande importance d'autant plus qu'il servira le pays dans ses plaidoyers internationaux et devant les cours et tribunaux. 

« Ce texte nous permet de faire la traçabilité de nombreux crimes graves et massifs, crimes de guerre et contre l'humanité. Il est important de les répertorier, de les documenter, pour pouvoir s'en servir dans nos plaidoyers sur le plan international et devant les cours et tribunaux : la cour constitutionnelle de justice, la cour pénale internationale », a-t-il déclaré. 

Considérant les 30 années qu'ont duré les conflits meurtriers en RDC, M. Ntumba Luaba a dressé un bilan de plus de 12 millions de morts directs et indirects , à travers des massacres répétitifs, assassinats ciblés des activistes de la société civile et des droits de l'homme, viols et violences sexuelles utilisées comme arme de guerre, de destruction sociale et commentaire.

« Plus de 12 millions de morts au Congo du fait des guerres et conflits successifs d'agression, c'est presque autant que la population d'un certain nombre d'États africains : le Gabon, la Guinée équatoriale. C'est abominable, parce que 12 millions c'est déjà les 10% de la population Congolaise », a-t-il ajouté.

Cet ouvrage composé de 10 chapitres, écrit sur base des rapports des organisations internationales et sous régionales, communiqués, articles de presse et conseils des ministres, renforcé par d'images horribles des Congolais tués par balles, brûlés vifs, des femmes violées et hospitalisées, revient notamment sur l'hécatombe humaine causée par l'armée rwandaise et ses supplétifs du M23, les violations du droit à l'éducation, déplacement forcés des populations et sur l'attaque contre les activistes de la société civile. 

Pour l'avoir préfacé, le VPM de l'intérieur et sécurité, Jacquemain Shabani, a d'abord signifié que ce rapport lance un appel pressant aux pays signataires et aux garants de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, face au non-respect manifeste de leurs engagements.  À l'en croire, ce document paraît comme un énième appel à la communauté régionale et internationale pour que les auteurs de ces crimes et leurs complices soient traduits en justice. 

En postfaçant ce document de 119 pages, riche en images illustratives, Paul Nsapu, président de la Commission Nationale des Droits de l'Homme(CNDH), s'est réjoui du fait que, «malgré l'ampleur de l'horreur, des États s'engagent timidement, la justice internationale s'éveille». Il plaide par ailleurs pour intensifier le combat pour la redevabilité, la réparation, la restitution et la sauvegarde de la mémoire collective. 

Samyr LUKOMBO