Goma : plus de 50 blessés de guerre pris en charge en un mois à l’hôpital Charité Maternelle

Ph/actualite.cd

L’hôpital général de référence Charité Maternelle, situé dans le quartier Mapendo à Goma, a soigné 52 personnes blessées par balles et armes blanches entre le 5 avril et le 5 mai 2025. Ce chiffre a été communiqué à ACTUALITÉ.CD par le médecin directeur de cet établissement, Dr Jules Kafitiye, ce lundi 5 mai, jour de clôture de la campagne médicale spéciale menée avec le soutien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Il indique que la majorité des cas traités nécessitaient des interventions chirurgicales et orthopédiques. Dr Jules Kafitiye ajoute que 66 patients ont également bénéficié de séances de kinésithérapie. Trois blessés arrivés dans un état critique sont décédés, selon la même source. D’autres patients, quant à eux, sont attendus pour des contrôles médicaux réguliers.

« La campagne s’est très bien passée. Il s’agit d’une initiative que nous avions lancée depuis le 5 avril et que nous avons clôturée ce lundi 5 mai. Au total, nous avons pris en charge 52 cas, dont la majorité a bénéficié d’interventions chirurgicales et orthopédiques. Par ailleurs, 66 patients ont reçu des séances de kinésithérapie.

De manière générale, les malades ont bénéficié de médicaments, d’interventions chirurgicales ainsi que de matériels de réhabilitation tels que des béquilles et des cannes, distribués gratuitement », a-t-il fait savoir.

Et de poursuivre :

« Jusqu'à présent, les patients ont reçu les interventions nécessaires. Il y en a également qui doivent revenir pour les évaluations. Vous savez, dans le cas des fractures, la prise en charge dure au moins trois mois. Nous n'avons perdu que trois cas, qui étaient arrivés dans un état très critique. Il y avait notamment des patients avec des traumatismes abdominaux et des atteintes d'organes nobles. Malgré la réanimation, certains n'ont pas survécu. Mais les autres sont stabilisés et suivent actuellement leur traitement. D'autres encore reviendront pour un contrôle afin d’évaluer s’il est possible de retirer le matériel orthopédique posé », a ajouté le médecin directeur.

ACTUALITÉ.CD s’est rendu à l’hôpital Charité Maternelle et y a rencontré certains bénéficiaires de cette campagne. Parmi eux, Ntwari Damascène Faustin, taximan moto, blessé par balles le 22 avril dernier au quartier Bujovu, près de l’aéroport de Goma. Il raconte avoir été attaqué par des présumés bandits en tenue civile.

« J'étais en train de rentrer à la maison lorsque j'ai entendu des coups de feu. Des hommes armés en tenue militaire m'ont arrêté, puis ils m'ont criblé de balles à la main gauche. Je suis tombé sur place et j'ai immédiatement perdu connaissance. Lorsque j'ai repris connaissance, je me suis retrouvé dans le lit de cet hôpital. Ce sont mes collègues motards qui m'ont amené ici. À mon arrivée, j'ai été très bien accueilli, soigné avec attention, et la prise en charge a été excellente », a-t-il témoigné.

Un autre patient, Ndarungo Oscar, se remet lui aussi de ses blessures dans une des salles de l’hôpital. Il affirme avoir été touché à l’épaule gauche par une balle, lors d’une incursion de bandits armés dans sa maison le 19 avril.

« On m’a tiré une balle dans notre maison située à Kanyarushinya, dans le territoire de Nyiragongo. Nous étions quatre à l’intérieur lorsque des hommes armés ont tiré sur nous. Trois d’entre nous ont été blessés, dont deux grièvement, et l’un est mort sur le champ. J’ai été très bien accueilli ici, on m’a soigné avec beaucoup d’attention. J’espère que, par la grâce de Dieu, je serai bientôt guéri et que je pourrai rentrer chez moi en bonne santé », confie-t-il, allongé sur son lit d’hôpital.

Face au nombre élevé de victimes, le médecin directeur invite les personnes blessées de guerre qui n’ont pas pu bénéficier de cette campagne à se rendre à l’hôpital CBCA Ndosho, où la prise en charge gratuite se poursuit toujours grâce au CICR.

Avec ses 120 lits dont 30 réservés à la gynéco obstétrique et sa position stratégique, en face de la mairie de Goma, l’hôpital Charité Maternelle joue un rôle essentiel dans le système de santé local. Depuis sa réhabilitation en 2007, il s’est imposé comme une référence dans la prise en charge des urgences, notamment en période de crise sécuritaire. La collaboration entre cet hôpital et des organisations humanitaires comme le CICR permet aujourd’hui à de nombreuses victimes de violences armées de bénéficier de soins gratuits et spécialisés dans une ville où l’insécurité continue de faire plusieurs victimes.

Josué Mutanava, à Goma