La division provinciale de la santé (DPS), antenne de Butembo, a signalé ce mercredi 30 avril, la détection de onze (11) cas humains suspects de fièvre charbonneuse (ou anthrax) depuis le mois de février. Ces cas, actuellement sous investigation en laboratoire, suscitent une vive inquiétude dans les milieux sanitaires du Nord-Kivu. Il a précisé que la majorité des cas ont été recensés dans la zone de santé de Lubero. En parallèle, des cas suspects ont aussi été signalés chez des animaux, portant le total à au moins 17 cas notifiés, dont un décès humain confirmé cette semaine.
« Nous avons eu à enregistrer au moins 11 cas humains avec un décès. Il y a eu aussi des cas chez les bêtes qui sont mortes. On a procédé à leur incinération conformément aux protocoles. Tous les éléments ne sont pas encore rassemblés pour confirmer l’anthrax, mais des échantillons ont été prélevés », a indiqué Mumbere Luhavo Damulu, point focal du programme national de communication pour la promotion de la santé lors d’un point de presse.
Les symptômes observés incluent des éruptions cutanées, de la fièvre, des difficultés respiratoires, des douleurs abdominales et des diarrhées sanglantes. Les autorités appellent à la vigilance, notamment à éviter la consommation de viande non inspectée.
Cette alerte locale s’inscrit dans un contexte plus large : une épidémie de charbon sévit actuellement dans la province du Nord-Kivu, touchant quatre zones de santé autour du lac Édouard, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fait état de 17 cas humains suspects, dont un confirmé, et d’un décès. Des cas similaires ont été recensés du côté ougandais, notamment dans le district de Kabale.
Face à cette situation, les autorités sanitaires congolaises, appuyées par l’OMS, ont déployé des équipes d’intervention d’urgence. Celles-ci mènent des investigations épidémiologiques, surveillent les chaînes de transmission et vaccinent le bétail dans les zones affectées. Des campagnes de sensibilisation sont aussi en cours pour éduquer la population sur les risques liés à la maladie.
« Nos efforts se concentrent sur l’interruption rapide de la transmission zoonotique, en travaillant étroitement avec le gouvernement, les communautés locales et nos partenaires pour limiter les risques, nous collaborons activement avec les autorités, les communautés et les partenaires afin d’interrompre efficacement la transmission des maladies de l’animal à l’homme, afin de prévenir la transmission zoonotique, nous mettons en œuvre des actions ciblées en partenariat avec le gouvernement congolais, les communautés et les acteurs engagés sur le terrain », a déclaré le Dr Boureima Hama Sambo, représentant de l’OMS en RDC.
La maladie du charbon (Anthrax) est une infection bactérienne souvent transmise à l’homme par contact avec des animaux ou des produits animaux infectés. Trois formes principales existent : cutanée, gastro-intestinale et pulmonaire. Toutes nécessitent une prise en charge médicale urgente. Si elle est traitée rapidement par antibiotiques, la maladie peut être maîtrisée.
L’épidémie actuelle a été précédée par des alertes fin mars, notamment la mort de dizaines de buffles et d’hippopotames dans le parc national des Virunga. Des actions coordonnées sont menées pour éviter une propagation plus large, dans une approche intégrée dite « Une seule santé », liant la santé humaine, animale et environnementale.
Josué Mutanava, à Goma