RDC: Le Parc des Virunga fête ses 100 ans dans un climat d’insécurité persistante lié à l’activisme des groupes armés dont l’AFC/M23

Photo © Baz Ratner, REUTERS

Le Parc national des Virunga, premier parc naturel d’Afrique fondé en 1925, célèbre ce lundi 21 avril son centenaire. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce joyau écologique s’étend sur plus de 790 000 hectares, au cœur de la République démocratique du Congo. Entre savanes, forêts denses et glaciers culminant à plus de 5 000 mètres dans les montagnes du Rwenzori, le parc abrite une biodiversité exceptionnelle, incluant les emblématiques gorilles de montagne et la plus grande population d’hippopotames du continent.

Mais derrière les festivités se cache une réalité plus sombre. Depuis près de trois décennies, le parc est confronté à la menace constante de groupes armés tels que le M23 ou les FDLR. Cette insécurité chronique a des conséquences désastreuses : braconnage en hausse, pêche illégale sur le lac Édouard, déforestation accélérée… Autant de pressions qui fragilisent les écosystèmes du plus ancien parc d’Afrique.

Les volcans actifs Nyiragongo et Nyamuragira, véritables laboratoires naturels pour les scientifiques du monde entier, deviennent de plus en plus difficiles d’accès en raison de l’instabilité sécuritaire. Des infrastructures stratégiques, telles que la centrale hydroélectrique de Rwanguba, censée favoriser un développement durable pour les communautés locales, ont été la cible d’attaques, entravant les efforts de conservation et de développement.

Méthode Uhoze, chargé des relations extérieures et du développement communautaire au sein du parc, tire la sonnette d’alarme :

"Nous avons le Parc autour de nous, mais nous ne pouvons pas en jouir pleinement suite à l'insécurité. Aujourd'hui les enfants grandissent sans avoir une idée sur les animaux sauvages, les rivières, les eaux thermales, les montagnes, … Alors que tout cela se trouve dans notre mais nous ne pouvons pas y accéder aisément à cause de l'activisme des groupes armés. Personnellement, la journée aujourd'hui la considère comme 100 ans de résilience, d’endurance, de reconnaissance envers ceux qui ont perdu leur vie pour la préservation de ce patrimoine, d’encouragement de tous ceux qui militent encore pour les 100 ans à venir, il est évident que le monde cherchera à venir puiser dans notre expérience, cherchera à se ressourcer auprès de nous. Comment avons-nous pu réaliser cent ans de conservation ? Cette situation doit nous interpeller tous", a-t-il déclaré.

Malgré les défis, l’espoir demeure. Des efforts constants sont déployés pour préserver cette réserve unique, mais ceux-ci resteront vains sans une paix durable, prévient Méthode Uhoze.

"Nous avons hérité ce parc de nos aïeux et nous avons tous l'obligation de le léguer à la génération à venir. Cela implique un engagement de tous, dans les limites de l'espace du pouvoir que chacun détient, pour appuyer les efforts de conservation. Nous sollicitons les efforts de tout un chacun, dans les limites du pouvoir qu’il détient, afin d’appuyer les efforts de conservation, afin de bénéficier de tout ce que ce parc peut offrir comme piliers de développement au profit des fils et filles de la RDC", a ajouté Méthode Uhoze.

Le Parc national des Virunga dispose d’une biodiversité exceptionnelle, qui lui a valu en 1979 son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pourtant, ces valeurs biologiques sont aujourd’hui menacées, non seulement par les populations riveraines, mais aussi par l’inaction de l’État congolais, selon des acteurs locaux de la société civile.

Face à ces menaces, l’UNESCO a placé le parc sur la liste du patrimoine mondial en péril dès 1994. Et en ce jour symbolique d’anniversaire, les acteurs locaux lancent un appel pressant pour sa sauvegarde. Au cours des trente dernières années, le parc a été le théâtre de nombreux conflits, souvent déclenchés à l’intérieur ou à proximité de ses frontières. L’est du Congo, l’une des régions les plus défavorisées au monde sur le plan économique, voit une concurrence féroce pour l’exploitation des ressources naturelles du parc.

En 2008, l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et la Fondation Virunga (alors connue sous le nom d’Africa Conservation Foundation) ont conclu un partenariat public-privé pour gérer le parc.

Ce partenariat a lancé un vaste programme de réformes et donné naissance à ce qui allait devenir plus tard l’Alliance Virunga : un programme de développement innovant, porteur d’une vision globale visant à s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté et des conflits, et à éradiquer l’exploitation illégale et destructrice des ressources naturelles.

Josué Mutanava, Goma