La RDC accuse officiellement le Rwanda de mener la rébellion de l’AFC/M23 pour renverser Félix Tshisekedi

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi

Alors que les rebelles du M23 soutenus par Kigali continuent leur offensive dans l'est de la République démocratique du Congo après la prise récente de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a accusé mercredi le Rwanda devant le Conseil de sécurité de l’ONU, de renverser le pouvoir à Kinshasa. Dans son intervention devant le Conseil qui examinait la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC, la ministre des Affaires Étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner a exhorté l'ONU à prendre des « sanctions robustes » contre Kigali et la rébellion de l’AFC/M23.

« Ce Conseil toujours inactif, est le seul capable d'empêcher des nouveaux massacres et l'expansion de l'occupation. Il lui revient d'adopter des mesures robustes qui non seulement arrêtent les violences perpétrées par les troupes rwandaises et leurs supplétifs du M23 mais aussi mettent un coup d'arrêt au soutien d'un État membre de l'ONU à un groupe terroriste cherchant à renverser un gouvernement légitime et démocratiquement élu. Ce conflit ne se limite pas aux violences militaires, aux pillages de nos ressources ou aux déplacements, dépeuplement de nos territoires, c'est un projet politique porté par le Rwanda à travers le M23 et l'AFC visant à renverser notre régime par la force », a déclaré la Cheffe de la diplomatie congolaise.

La rébellion avec à sa tête Corneille Nangaa, l’ancien président de la commission électorale nationale indépendante (CENI), a toujours clamé qu’elle vise à atteindre la capitale Kinshasa pour changer le régime. Thérèse Kayikwamba Wagner déplore les atteintes de la rébellion contre un pouvoir légitime et démocratiquement élu.

« La République Démocratique du Congo a fait le choix de la démocratie, une démocratie en construction certes mais la nôtre. Nous avons choisi la liberté sous un régime civil et non la soumission aux armes, nul ne peut nous arracher ce choix surtout pas un régime qui depuis trois décennies s'efface derrière un homme qui confond l'État avec son pouvoir personnel. Ce contraste est saisissant d'un côté un peuple qui bâtit son avenir sur la volonté populaire de l'autre un régime qui ne survit que par la force, l'intimidation et la répression, aujourd'hui ce modèle de gouvernance par la peur tente de s'imposer chez nous », a-t-elle fait remarquer.

Par ailleurs, Thérèse Kayikwamba Wagner estime que le Rwanda et sa rébellion veulent imposer à la tête de la RDC ceux que les urnes et le peuple ont rejetés lors des dernières élections.

« Ce n'est pas seulement une guerre pour un territoire mais une guerre contre notre choix souverain d'un avenir différent. Le M23 et ses soutiens Rwandais cherchent à imposer par les armes ceux que les urnes ont rejetés mais le peuple congolais dit Non. Un peuple dont l'âge moyen est de moins de 25 ans, un peuple marqué par la guerre et les promesses ajournées mais qui refuse la loi des armes, il veut choisir ses dirigeants dans les urnes et non sous la menace des canaux, il refuse d'être la génération sacrifiée d'une violence imposée de l'extérieur ».

Malgré les interpellations de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda poursuit son avancée dans la province du Sud-Kivu aggravant la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Les résolutions issues du sommet conjoint SADC-EAC ne sont pas toujours mises en œuvre près de deux semaines après les assises de Dar-es-Salaam en Tanzanie.

Parallèlement aux initiatives régionales, les églises catholique et protestante poursuivent avec les consultations initiées dans le cadre de leur projet de plan de sortie de crise. Cette initiative n'est pas du tout appréciée du côté du pouvoir qui s'en tient aux processus de Luanda et Nairobi jusque-là au point mort.

Clément MUAMBA