Kinshasa : l’ouvrage “Gouvernance des entreprises publiques en République Démocratiques du Congo” du professeur Romain Kabongo porté sur les fonts baptismaux

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Baptême du livre du Professional Romain Kabongo

C’est dans une ambiance à la fois académique et scientifique que le professeur Romain Kabongo Tchissens a présenté, ce jeudi 24 juillet 2025, son nouvel ouvrage intitulé “Gouvernance des entreprises publiques en République Démocratiques du Congo :  des sociétés à chartes aux sociétés commerciales, une déliquescence programmée” à de l’Université Pédagogique Nationale (UPN). La cérémonie, qui s’est déroulée dans la salle Félix Tshisekedi du nouveau bâtiment Aréna, a réuni des universitaires, des experts en économie, des étudiants et plusieurs autres personnalités. 

Publié aux éditions L’Harmattan, ce livre propose une lecture critique, lucide et documentée de la trajectoire chaotique des entreprises publiques en République Démocratique du Congo depuis son accession à l’indépendance en 1960 jusqu’à ces jours. Romain Kabongo y démontre comment ces structures, autrefois florissantes, ont sombré dans la faillite ou survivent difficilement, minées par des facteurs endogènes et exogènes, ainsi que par des décisions étatiques irrationnelles. Il y suggère des pistes concrètes pour une réforme en profondeur du secteur.

« La déliquescence de nos entreprises a été programmée. En analysant l’évolution de leur situation financière, on constate que presque tous les gouvernements successifs, depuis l’indépendance jusqu’à la fin des années 2010, ont contribué à cette dégradation. À tel point qu’aujourd’hui, certaines sociétés ont perdu leur âme, leur substance, leur raison d’être, au point qu’on peut se demander s’il s’agit encore véritablement d’entreprises », déclare Romain Kabongo, auteur du livre.

Et d’ajouter :  

« La gouvernance repose sur la transparence, mais aussi sur la reddition des comptes. Cela signifie que la responsabilité ne revient pas uniquement aux dirigeants ou aux responsables directs de l’entreprise, mais aussi à toutes les parties prenantes, y compris, par exemple, les messagers. À travers cet ouvrage, j’apporte modestement ma contribution à la littérature et aux débats théoriques, conceptuels et empiriques sur la crise de gouvernance, particulièrement dans notre contexte ».

Une contribution essentielle au débat sur la réforme économique

Le livre de Romain Kabongo met en lumière quelques dysfonctionnements considérés majeurs : corruption systémique, nominations politiques, mauvaise gestion, et mesures économiques mal calibrées. Ces facteurs ont contribué, selon lui, à la déliquescence d’un secteur pourtant crucial pour le développement.

« Le processus de transformation de ces entreprises en sociétés commerciales, établissements publics ou services publics, n’a jamais donné lieu aux résultats escomptés. Ces entreprises ont été gérées de manière plus ou moins erratique, entraînées vers la faillite, la cessation des paiements et la perte de tout crédit moral ou financier », a souligné le professeur Dieudonné Luaba.

Et de poursuivre que « dans un monde dominé par la mondialisation des économies et la globalisation financière, les États doivent pouvoir compter sur des entreprises productives, rentables, compétitives et performantes ».

Découpé en six chapitres, le livre se veut aussi bien un outil pédagogique qu’un manifeste réformateur. Il aborde la gouvernance d’entreprise sous un angle historique, juridique, économique et institutionnel dans un ton analytique.

Deux intermèdes musicaux ont ponctué cet événement. Le moment fort de la cérémonie a été le baptême du livre par le professeur émérite Évariste Mabi Mulumba, ancien Premier ministre et préfacier de l’ouvrage. Ce geste symbolique a marqué son entrée officielle dans le paysage littéraire congolais, suivi d’une vente aux enchères et d’une séance dédicace.  

À travers cet ouvrage, Romain Kabongo Tchissens interpelle l’État congolais sur l’urgence d’une réforme structurelle. Il plaide pour une refondation de la gouvernance publique fondée sur la rigueur, la performance et la responsabilité.

James Mutuba