Plusieurs militaires de Uganda people’s defence force (UPDF) sont officiellement arrivés ce mardi 18 février à Bunia, chef-lieu de l’Ituri. Ils ont été accompagnés par des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Ils ont pris leur quartier général au centre militaire de Rwampara, au sud-est de Bunia, dans le groupement Tséré (territoire d'Irumu). Ces militaires ougandais sont entrés avec tout leur arsenal. Jusqu'à ce mercredi matin, les Ougandais continuent d’entrer à Bunia.
Selon Kinshasa, leur présence s'inscrit dans le cadre logique de l’opération Shujaa menée depuis quatre ans conjointement avec l’armée congolaise contre les islamistes ADF dans le territoire de Beni (Nord-Kivu) et d’Irumu (Ituri). Cependant, l’arrivée des Ougandais a suscité la peur et la psychose au sein de la population à Bunia.
« J'appelle toute la population de ma juridiction au calme et à vaquer librement à ses occupations. Que les enfants partent. Il faut éviter toute mauvaise interprétation après leur arrivée car les autorités sont au courant », a calmé le chef du groupement Tséré, Zamundu Batagura où le contingent ougandais s’est installé.
Lundi dernier, une équipe d’avance constituée des officiers a été accueillie par les FARDC à Boga, au sud du territoire d’Irumu avant de rejoindre Bunia où une réunion « d’harmonisation » a été présidée par le gouverneur militaire, Jony Luboya.
« D'autres réunions suivront pour définir les actions qui seront menées dans le cadre de mutualisation des forces entre les FARDC et l’UPDF. La population doit être calme, ces opérations militaires s'inscrivent dans le cadre de la recherche de la paix dans la province de l'Ituri », avait dit le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l’armée en Ituri.
Ce déploiement ougandais à Bunia est controversé quelques jours seulement après des messages « comminatoires » du chef de l’armée ougandaise, le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président Ougandais, Yoweri Museveni. Dans une série de messages sur X (ancien Twitter), cet officier avait notamment indiqué que UPDF se déploierait à Bunia pour lutter contre les violences de la milice CODECO dans le territoire de Djugu.
« Je voudrais dire encore une chose. Mon sang est en train d’être tué à Bunia, dans l’est de la RDC. Mon peuple, les Bahima, est attaqué. C’est une situation très dangereuse pour ceux qui attaquent mon peuple. Personne sur cette terre ne peut tuer mon peuple et penser qu’il n’en souffrira pas ! », avait-il dit. Déclaration faite à la suite de tuerie de plus de 50 civils dans un site des déplacés près de Fatati (territoire de Djugu).
Il avait également ajouté : « Avec l'autorisation du général Yoweri Museveni, commandant suprême de l'UPDF ! Je donne exactement 24 heures à toutes les forces de Bunia pour rendre leurs armes ! S'ils ne le font pas, nous les considérerons comme des ennemis et les attaquerons. »
Ce mardi, Kinshasa a relativisé toutes les communications du général Muhoozi Kainerugaba appelant à rester dans le cadre de coopération militaire entre la RDC et l’Ouganda.
« De toute évidence, la République ne se gère pas sur les réseaux sociaux encore moins les relations diplomatiques, nous avons les relations diplomatiques avec l'Ouganda, nous avons un travail que nous faisons ensemble dans le cadre de l'opération Shujaa dans des zones qui sont bien circonscrites. Il faut éviter de plonger dans la psychose, nous avons des rapports diplomatiques avec l’Ouganda », a indiqué Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais.
L’intervention des Forces de défense du Peuple Ougandais (UPDF) aux côtés des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans l’est de la RDC a toujours soulevé des questions au regard des soupçons de soutien des troupes Ougandaises à l'endroit des rebelles du M23 déjà soutenus le Rwanda. Et Muhoozi Kainerugaba ne cache pas son soutien au M23. Cette question est gérée au niveau du ministère des affaires étrangères, a souligné le porte-parole du gouvernement.
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Selon un rapport des experts de l'ONU publié l'année dernière, l'armée Ougandaise collabore avec les rebelles du M23. L'armée ougandaise avait catégoriquement nié toute implication dans le soutien au groupe rebelle M23, en réponse aux accusations formulées par des experts des Nations unies. Lors d'une déclaration officielle l'année dernière, le porte-parole de l'armée ougandaise, le brigadier général Félix Kulayigye, a fermement rejeté le rapport onusien. À l'en croire, ce rapport n’a absolument aucun fondement scientifique. Il manque de documentation et il est biaisé.
Freddy Upar et Clément Muamba