Le bassin du Congo, deuxième poumon de la planète avec ses 233 millions d'hectares de forêt tropicale, abrite une biodiversité exceptionnelle et joue un rôle crucial dans la régulation du climat et la préservation de la biodiversité mondiale. Bien que les taux de déforestation aient connu une certaine stabilisation, la perte annuelle d'un million d'hectares de forêt en Afrique centrale reste préoccupante. Malgré les avancées prometteuses du Fair Deal pour le Bassin du Congo, la mobilisation de financements suffisants pour assurer la préservation à long terme de ces écosystèmes précieux demeure un défi majeur.
Face à la menace grandissante de la déforestation, les six pays signataires de la Déclaration conjointe de l'Initiative pour la Forêt de l'Afrique centrale (CAFI) se réunissent à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Le go de ces assises a été donné par Eve Bazaiba, Ministre d'État, Ministre de l'Environnement et du Développement Durable de la République Démocratique du Congo.
Pendant trois jours soit du lundi 27 au mercredi 29 janvier 2025, les ministres des Forêts, de l'Environnement, de l'Agriculture, des Finances et de l'Aménagement du Territoire, accompagnés d'experts et de partenaires techniques nationaux et internationaux, élaboreront une feuille de route ambitieuse visant à déployer à grande échelle les paiements pour services Environnementaux (PSE) en Afrique Centrale. Ils identifieront les activités prioritaires, les besoins en termes de financement et les modalités de mise en œuvre les plus adaptées.
"Plusieurs initiatives de PSE existent sous d’autres cieux, auxquelles s’ajoutera dorénavant celle de l’Afrique centrale, avec des innovations qui vont certainement inspirer le reste des acteurs dont notamment la numérisation de la gestion du système de paiements, et la géolocalisation en temps réel des activités bénéficiaires des paiements grâce notamment aux outils digitaux qui vont être lancés dans ces assises, en tant que propriété intellectuelle des pays d’Afrique centrale membres de l’initiative CAFI" a déclaré Ève Bazaiba, Ministre d'État, ministre de l'environnement et développement durable.
Et de poursuivre :
"Je vous exhorte à poursuivre les reflexions afin que ce nouveau chantier ne vienne pas faire ombrage à la commercialisation des résultats de réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément au
nouveau mécanisme du marché international de carbone, mis en place
sous l’article 6 de l’Accord de Paris. Parlant des émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique est à féliciter pour ses efforts. Alors que partout sur la planète les émissions augmentent, des statistiques récentes de la Banque mondiale avancent le chiffre de 3,8 % comme part de l’Afrique aux émissions mondiales".
Ève Bazaiba, Ministre d'État, ministre de l'environnement et développement durable estime que la forêt reste la seule ressource disponible pour les communautés locales lorsque tout le reste leur est inaccessible.
"Après plusieurs années d’incertitude, d’hésitations, voire de questionnements, je suis particulièrement heureuse de constater que la problématique des droits des populations locales et autochtones à tirer enfin bénéfice des services écosystémiques que leurs forêts rendent àl’humanité est devenue un sujet de grande actualité. Il est en effet utopique d’imaginer protéger les forêts sans l’implication des communautés qui y vivent, et sans un changement des pratiques agricoles et d’utilisation de terres et de consommation de ces derniers" a indiqué Ève Bazaiba, Ministre d'État, ministre de l'environnement et développement durable.
Pour sa part,le Chef du Bureau de liaison de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) en République Démocratique du Congo M. Daniel Pascal Elono affirme que l’Afrique centrale est déjà très active dans le domaine de la protection de l’environnement avec des résultats concrets.
"L'espace Afrique centrale, nous ne sommes pas là pour faire des discours, mais pour du concert, pour réfléchir sur des mécanismes innovants parce qu’effectivement, c’est un nouvel outil qui vise à renforcer et non seulement à se limiter aux paroles, faire en sorte que les questions d’environnement trouvent des solutions concrètes dans le domaine de financement" a indiqué Daniel Pascal Elomo au nom de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC).
De son côté, Berta Pesti, Cheffe du secrétariat de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale (CAFI) a rappelé que son organisation a été créée par les Etats de la région et les bailleurs de fonds afin de permettre à la région de disposer d’un instrument financier dédié à la région et aux forêts de l’Afrique centrale.
"Nous avons réussi à mobiliser 1 million de dollars depuis la création de CAFI. Nous avons décaissé près de 500 millions de dollars dans la région, donc dans les six pays qui ont signé la déclaration de CAFI, et sur la base des expériences de la mise en œuvre de ce projet, à la demande des autorités de la région, nous avons commencé à réfléchir sur un instrument qui peut mieux viser les communautés locales, les gardiens et les gestionnaires des terres dans la sous région. Donc mettre en place un système efficace, standardisé et direct qui renforce et améliore la performance de nos projets, nous sommes prêts pour commencer à déployer et aussi faire des événements pour la prochaine COP qui se tiendra à Belem", a-t-elle fait savoir.
Les PSE sont des mécanismes de paiements innovants, conditionnés par des résultats vérifiables, qui rémunèrent directement les acteurs ruraux et les communautés locales pour les services écosystémiques qu’ils fournissent sur la base de contrats volontaires. Ces mécanismes incitatifs favorisent ainsi une gestion durable des forêts et améliorent les moyens de subsistance des populations locales. Les PSE se concentrent sur six (6) activités clés: l’agroforesterie, la reforestation, les cultures pérennes, la régénération, la gestion durable des forêts et la conservation.
Spécialement conçus par et pour les pays d'Afrique centrale, et développés en étroite collaboration avec CAFI, les PSE s’appuient sur des outils de pointe et répondent aux enjeux spécifiques de la sous-région. Fruit d'un savoir-faire local et d'une expertise internationale, ces outils prennent en compte les réalités et les enjeux propres aux pays d’Afrique centrale, offrant ainsi des solutions adaptées et efficaces pour préserver les forêts et améliorer les conditions de vie des populations.
Les PSE offrent une solution gagnant-gagnant : préservation des forêts, développement économique local et amélioration des conditions de vie des populations. Par ailleurs, a-t-on appris des organisateurs, un partenariat inédit sera lancé entre le Costa Rica, pionnier des PES en Amérique latine, et les pays d'Afrique centrale. Ce partenariat vise à accélérer le déploiement de ces mécanismes innovants sur le continent africain.
Il sied de signaler que la Conférence se déroule en deux segments : Segment technique : du 27 au 28 janvier 2025, rassemblant les points focaux des ministères concernés. Segment politique : le 29 janvier 2025, en présence des autorités ministérielles et des partenaires internationaux. Ce segment comprendra un Dialogue de Haut Niveau avec les partenaires régionaux et multilatéraux tels que la COMIFAC, le PFBC, la BDEAC, l’UNECA, le FMI, la Banque mondiale, le GEF et la BAD.
Clément MUAMBA