La République Démocratique du Congo fait face à un défi colossal : absorber une population active en forte expansion. Selon le rapport national sur l’emploi des jeunes publié en 2022, pour maintenir le taux de chômage stable d’ici à 2030, il faudrait créer environ 9,6 millions d’emplois, soit près de 100 000 emplois par mois. À plus long terme, ce chiffre s’élève à 35 millions d’ici 2050, nécessitant une croissance régulière et soutenue du marché du travail.
La démographie congolaise, en plein essor, accentue ces pressions. Avec une population projetée à 120 millions d’habitants en 2030 et 194 millions en 2050, la RDC verra sa part démographique en Afrique passer de 6,69 % en 2020 à 7,8 % en 2050. Les jeunes, âgés de 0 à 24 ans, restent au cœur de cette croissance, représentant actuellement 63,3 % de l’augmentation démographique du pays. Cette proportion est appelée à diminuer progressivement, mais leur poids reste majeur, avec une contribution de 23,2 % pour les 15-24 ans sur la décennie 2023-2033.
Cependant, l’insertion des jeunes dans le marché du travail reste un défi majeur. Ces derniers ont quatorze fois moins de chances d’accéder à un emploi que d’autres tranches de la population. En milieu urbain, leur probabilité d’accès au travail diminue de 23,9 % par rapport au milieu rural. L’éducation, bien qu’ayant un effet positif sur l’accès à l’emploi, reste limitée dans son impact en raison d’une économie encore largement informelle, peu diversifiée et loin des standards de modernité.
Le secteur informel domine largement le marché de l’emploi en RDC, représentant 84 % des opportunités. Le secteur privé, quant à lui, demeure le premier employeur avec 51,8 % des emplois, suivi des ménages avec 38,7 %. Le secteur public arrive en troisième position, mais loin derrière, traduisant un déséquilibre persistant dans la structure de l’emploi. Les données de l’Office National de l’Emploi (ONEM) montrent que de 2019 à 2023, 286 273 demandeurs d’emploi ont été enregistrés, mais seuls 102 932 ont été placés, révélant ainsi une faible capacité d’absorption du marché du travail.
Malgré une légère amélioration en 2023, avec 16 333 demandeurs d’emploi placés contre 14 719 en 2022, les défis restent énormes. Les jeunes, qui occupent 44 % des emplois actuels contre 35,6 % pour les adultes, se heurtent à des imperfections structurelles du marché du travail, aggravées par une prédominance de mécanismes informels pour accéder à l’emploi.
Face à ces enjeux, le rapport appelle à une transformation profonde des politiques publiques en matière de création d’emplois, avec une attention particulière portée aux jeunes et à l’économie informelle.