Le ministre de la justice Constant Mutamba a récemment annoncé sa position en faveur de la peine de mort pour les bandits urbains (Kuluna) en RDC. Si le gouvernement justifie cette mesure par la nécessité d’une justice rapide et dissuasive, certaines militantes des droits des femmes plaident, au contraire, pour une approche plus nuancée, combinant prévention, réhabilitation et justice équitable.
Pour Grâce Shako, coordinatrice de l’ONG leadership de la femme des médias (LFM), la peine de mort pourrait être justifiée dans certains cas, mais elle considère que son application dans le cadre du banditisme urbain constitue une dérive.
« La peine de mort est une sanction qui devrait continuer à exister dans notre pays, mais dans des cas précis, comme celui de la trahison en matière de sécurité nationale. C’est un moyen de pression efficace pour stopper des crimes graves tels que la trahison ou les crimes contre l'humanité », affirme-t-elle.
Cependant, elle juge disproportionnée l’idée d’appliquer la peine capitale aux bandits de rue.
« Parler de la peine de mort dans le cas du banditisme urbain, c’est aller trop loin. C’est une sanction lourde et démesurée. Je ne suis pas d’accord avec l’application de la peine de mort aux Kulunas, ces jeunes qui agissent souvent sous l’effet du désespoir et de la marginalisation », explique-t-elle.
Selon elle, l’enjeu réside plutôt dans une approche préventive et réhabilitative que punitive.
Elle plaide pour la construction de prisons modernes et de maisons de rééducation adaptées à la réintégration des délinquants. « Nous devons créer des structures pour rééduquer ces jeunes, et non simplement les punir. Parallèlement, il est crucial de lutter contre le chômage endémique des jeunes, l’une des causes principales du banditisme urbain », ajoute-t-elle.
De son côté, Florence Kapila, vice présidente de l’association les Femmes de Valeurs, insiste sur l’importance de garantir une justice équitable et respectueuse des droits de tous les individus, y compris ceux accusés de banditisme.
« Si la peine de mort est décidée, elle doit être appliquée de manière transparente, dans le respect des procédures légales et des droits des présumés coupables. Les procès doivent se dérouler en audience publique, avec une couverture médiatique large, afin que la population puisse suivre l’évolution des procédures et vérifier que tout est fait dans le respect des principes fondamentaux de la justice», a-t-elle déclaré.
Elle appelle également à renforcer le système judiciaire pour éviter les dérives et garantir des procès équitables. « Il ne s'agit pas seulement de sanctionner, mais de s’assurer que tout le processus judiciaire, de l’enquête au jugement, soit transparent, équitable et conforme aux normes internationales des droits de l'homme. La justice ne doit jamais être un instrument de vengeance, mais plutôt un moyen de rétablir l'ordre et la dignité », a-t-elle souligné.
Nancy Clémence Tshimueneka