Peine de mort contre les kuluna: les Kinoises partagées entre soutien et opposition (Baladeur)

Photo/ droits tiers
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La récente annonce du ministre congolais de la Justice concernant la réintroduction possible de la peine de mort pour les kuluna (bandits urbains) à Kinshasa continue à susciter diverses réactions parmi la population et les acteurs politiques de la capitale congolaise. Rencontrées ce mardi 17 décembre dans les rues de Kinshasa, les kinoises sont partagés.


Pour Jeanne Inyego, commerçante, les kuluna représentent une véritable menace pour la vie et les biens des citoyens. « Ils nous terrorisent chaque jour. La peine de mort est la seule solution pour les empêcher de continuer à faire régner la terreur dans la ville. Je pense que la justice doit être ferme, même si cela implique des mesures drastiques », a-t-elle déclaré.

Solange Ngonda, enseignante, abonde dans le même sens : « Nous en avons marre des vols, des viols, des meurtres. La justice doit faire son travail. Les kuluna ne méritent pas de vivre, ils ont détruit trop de familles. La peine de mort est peut-être dure, mais c'est ce que la situation exige. »

De son côté, Germaine Kambala, infirmière, soutient également cette décision du ministre de la Justice. « Les kuluna sont devenus incontrôlables. Il faut envoyer un message fort que le pays ne tolère pas ce genre de criminalité. Le rétablissement de la peine de mort pourrait être un moyen de restaurer la sécurité dans nos villes. »

Désirée Kiala, vendeuse de légumes, exprime une position similaire mais soulève une autre dimension : « La situation est grave. Nous avons perdu des proches à cause de ces bandits. La peine de mort pourrait être un moyen de réduire leur nombre et de rassurer la population. Mais, en même temps, il faut que les autorités agissent aussi sur la prévention. C'est un problème global. »

Aline Lemba, fonctionnaire, se montre plus nuancée : « La criminalité est un fléau, c’est vrai. Mais je pense que la répression seule ne suffit pas. Il faut aussi travailler sur l’éducation et l'emploi des jeunes. La peine de mort, même si elle est envisagée pour calmer les esprits, n’est qu'une réponse partielle. Il est impératif de remédier aux causes profondes de cette violence. »

De son côté, Me. Sarah Semo, avocate des droits de l'Homme, appelle à réformer le système judiciaire. « La peine de mort est une violation flagrante des droits humains. Elle ne fait qu'alimenter la violence et la vengeance. Ce n'est pas en tuant des personnes qu'on éradiquera la criminalité. Il est essentiel de réformer notre système judiciaire, de renforcer les institutions et d'offrir une réinsertion aux jeunes qui tombent dans la délinquance. »

Dayilah Ngoie, psychologue, s’oppose également : « Nous devons comprendre pourquoi ces jeunes tombent dans la criminalité. La société doit offrir des solutions de réhabilitation. Il est illusoire de penser que la peine de mort résoudra le problème. Il faut des programmes éducatifs et de soutien aux familles, pas des exécutions. »

Cathy Masasa, chirurgienne, affirme : « Il est inacceptable de répondre à la violence par la violence. Ce que nous devons promouvoir, c'est la justice réparatrice et non punitive. Les kuluna sont victimes d'un système qui les a laissés de côté ; il est temps d'agir sur les causes profondes de la délinquance. »

Dans ses déclarations, le ministre Constant Mutamba a expliqué que l'objectif de cette mesure était d’adopter une politique plus ferme vis-à-vis des kuluna, dont les actions perturbent gravement la vie des citoyens.


Nancy Clémence Tshimueneka