Le débat sur la révision de la Constitution initié par Félix Tshisekedi suscite une vive opposition de plusieurs figures politiques, sociales et intellectuelles en République démocratique du Congo. Ces voix critiques dénoncent unanimement une tentative de manipulation visant à prolonger le pouvoir du président au-delà de son dernier mandat, pointant une interprétation erronée et alarmiste de l'article 217 de la Constitution.
Moïse Katumbi : "Une manipulation pour s’éterniser au pouvoir"
Moïse Katumbi, ancien candidat à la présidentielle, accuse Félix Tshisekedi de chercher à "se maintenir au pouvoir au-delà de ce second mandat usurpé". Il critique l'interprétation par le président de l'article 217, qui, selon Tshisekedi, consacrerait la vente de la souveraineté nationale. Katumbi dénonce une manipulation visant à détourner l’attention des problèmes réels tels que la misère de la population et accuse le chef de l’État de trahir la mémoire des martyrs de la démocratie.
Martin Fayulu : "Une absurdité manifeste"
Martin Fayulu, autre figure de l'opposition, rejette catégoriquement l’interprétation présidentielle de l’article 217, qualifiée d'"absurdité manifeste". Selon lui, cet article vise uniquement à promouvoir l’unité africaine et ne légitime en aucun cas une cession de souveraineté. Fayulu appelle à la priorité sur "l’amélioration des conditions de vie de la population" et accuse Tshisekedi d’inertie et de mauvaise gouvernance. "Ce projet de modification constitutionnelle est une aberration qui doit être stoppée", a-t-il affirmé.
Denis Mukwege : "Un danger pour la démocratie"
Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege, connu pour sa défense des droits humains, a dénoncé une "dérive autoritaire" et un mépris des libertés fondamentales garanties par la Constitution de 2006. "La démocratie, fruit d’un référendum populaire, est aujourd’hui menacée par ce projet", a-t-il averti, appelant les Congolais à résister contre tout "nouveau déni démocratique".
Delly Sesanga : "Un projet pour des gains personnels"
Delly Sesanga, fervent opposant au changement constitutionnel, a dénoncé une tentative de révision "pour un bénéfice personnel". Il réfute également l’idée que l’article 217 expose la RDC à une perte de territoires, qualifiant cette interprétation de Tshisekedi de "mensongère et menaçante".
Claudel-André Lubaya : "Changer de président, pas de Constitution"
L’ancien député Claudel-André Lubaya accuse le président de vouloir orchestrer un "coup d’État constitutionnel" et appelle les forces vives à se mobiliser pour protéger les articles 64 et 220 de la Constitution, garants de la démocratie et de l’intégrité nationale.
Jean-Claude Katende : "Un projet pour s’éterniser au pouvoir"
Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO, critique la politique de "tâtonnements" de Tshisekedi, notamment face à la question de l’Est du pays. Il accuse le président de manipuler l’article 217 pour justifier son projet de changement constitutionnel et appelle les Congolais à rejeter cette initiative, qualifiant les arguments avancés par le chef de l’État de "faibles et non fiables".
Un consensus contre la révision
Tous ces opposants s’accordent sur un point : le projet de modification ou de changement de la Constitution constitue une menace pour la démocratie et la souveraineté de la RDC. Ils appellent les Congolais à résister, à protéger l’intégrité territoriale et à prioriser la lutte contre la pauvreté et les défis socio-économiques.
L’article 217, qui figure également dans d’autres constitutions africaines, est au cœur de cette controverse, mais les opposants jugent l’interprétation de Tshisekedi comme une stratégie pour détourner l’attention des véritables problèmes du pays.