L'interprétation de l'article 217 de la Constitution de la RDC, également présent dans les constitutions de nombreux États africains, divise profondément le régime en place et l'opposition. S'adressant aux Congolais, samedi à Lubumbashi (Haut-Katanga), Félix Tshisekedi a qualifié cette disposition de la loi fondamentale comme consacrant une vente de la souveraineté du pays à d'autres États du continent.
Cette lecture suscite une vive controverse au sein de la classe politique congolaise. Martin Fayulu, président de l'Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDé), a réagi dans un post sur X (anciennement Twitter), dénonçant une interprétation erronée du chef de l'État. Il affirme que l'article 217 a pour objectif de promouvoir l'unité africaine et accuse Félix Tshisekedi de méconnaître le texte.
« J’invite tous ceux qui ont eu l’opportunité d’étudier, même au niveau secondaire, à lire cet article. Ils comprendront que le libellé de cet article, qui figure dans plusieurs Constitutions africaines, a pour objectif de « promouvoir l’unité africaine ». Que Félix Tshisekedi lise le dernier alinéa de l’article 214, qui stipule : « Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans l’accord du peuple congolais, consulté par voie de référendum », a-t-il écrit ce dimanche.
L'ancien candidat à la présidentielle estime que la priorité actuelle ne réside pas dans le changement de la Constitution, mais dans la préservation de l’intégrité territoriale et l’amélioration des conditions de vie de la population. « Ce ne sont pas les dispositions de la Constitution qui légitiment le pillage des fonds publics ou l’inertie d’un gouvernement issu d’un simulacre d’élections », a ajouté Fayulu.
Delly Sessanga, autre figure de l'opposition, qui avait participé à des manifestations contre le projet, a également critiqué l’interprétation de Tshisekedi, qualifiant ses propos de « faux bruits » et d’« iconoclastes ».
De son côté, le chef de l'État, dans un ton ferme, a promis des poursuites judiciaires contre ceux qui manipuleraient la population sur ce débat, tout en se disant ouvert à la discussion. Augustin Kabuya, secrétaire général controversé de l’UDPS, a pour sa part présenté l’article 217 comme l’une des causes de la situation dans l’Est de la RDC. Il a même qualifié la Constitution actuelle de « malédiction ».
L'article 217, qui énerve tant Félix Tshisekedi, figure également dans d'autres constitutions africaines, telles que celles du Bénin (article 145), de la Côte d’Ivoire (article 155), du Tchad (article 222) et du Burkina Faso (article 146), où il est formulé de manière similaire.
Ironie de l’histoire, lors de sa prestation de serment au stade des Martyrs, le 24 janvier dernier, devant un parterre de présidents africains, Félix Tshisekedi avait promis de respecter et de défendre la Constitution et les lois de la RDC.
Samyr LUKOMBO