États généraux de la justice : Jules Alingete déplore un accompagnement « timide » et « mitigé » de la justice dans la prise en charge des dossiers de détournements et de corruption

Photo d'illustration
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Jules Alingete Key, Inspecteur Général des Finances ( IGF), Chef de Service de Service à l'Inspection Générale des Finances (IGF) a exposé samedi 09 novembre 2024 aux travaux des états généraux de la justice en cours au Centre Financier de Kinshasa. Même s’il a noté quelques « efforts »  ,  il a déploré un accompagnement « timide » et « mitigé » de la justice dans la prise en charge des dossiers de détournements et de corruption depuis la redynamisation de l'Inspection Générale des Finances ( IGF).

"Il y a l'élément que nous devons souligner,  c'est l'accompagnement timide, mitigé de la justice dans la prise en charge des dossiers des détournements des deniers publics. On peut bien aujourd'hui parler d'une justice malade mais nous en tant que service de contrôle nous pouvons vous dire que nous avons fait des dossiers, vous allez auprès de cette même justice, il y a des dossiers qui ont abouti, il y a des dossiers qui n'ont pas abouti et alors il faut reconnaître cet effort là parceque nous avions avec nos dossiers, nous avons aujourd'hui des gens qui sont en prison, en 4 ans l'Inspection Générale des Finances a eu à avoir au moins 5 procès, il y a des gens qui sont en prison", a déclaré Jules Alingete Key lors de son intervention en présence de plusieurs personnalités politiques et scientifiques.

Pour le chef de service de l'Inspection Générale des Finances, tous ceux qui sont déclarés innocents par le Ministère Public ou le Tribunal ne sont pas forcément innocents.

"Bien-sûr il ya des dossiers qui n'ont pas abouti, Mais pour les dossiers qui n'ont pas abouti il faut aussi retenir lorsque quelqu'un est innocenté ce n'est pas parce que forcément il est innocent, parfois aussi le ministère public n'a pas été capable de convaincre les juges de la culpabilité mais la personne là n'est pas innocente en réalité, c'est aussi une réalité. Nous avons été timidement accompagnés dans certains dossiers qui ont fait que nous avions pu faire les avancées, nous souhaiterions que ça soit un accompagnement beaucoup plus accru aujourd'hui", a indiqué le numéro Un de ce service rattaché à la Présidence de la République.

Abordant les différentes stratégies mises en place pour éviter les détournements, Jules Alingete Key a évoqué la patrouille financière comme une bonne stratégie d'agir en avance contre toute tentative de détournement.

"Longtemps, on est resté dans de contrôle à posteriori et dans un environnement pourri, lorsque quelqu'un a déjà détourné les deniers publics, il détient avec lui des moyens importants, le poursuivre devient véritablement un combat, Il fallait activer des mécanismes qui étaient déjà prévus dans nos finances publiques, les mécanismes préventifs notamment le contrôle à priori et l'inspection générale des finances a mis en place la patrouille financière qui est un contrôle à priori, un mécanisme préventif pratiquement dans beaucoup des points de contrôle au niveau de la dépense publique, la chaîne de la dépense publique, à la Banque Centrale du Congo, dans les établissements publics et entreprises du portefeuille de l'État", a fait remarquer Jules Alingete Key dans son intervention.

En attendant l'intervention de la justice, Jules Alingete Key est revenu sur l'importance des mesures administratives à l'endroit des gestionnaires de la chose publique en cas des soupçons des détournements des deniers publics.

"Il faut noter dans cette évolution l'application des sanctions administratives à l'encontre des mauvais gestionnaires. Est-ce quand il y a des cas de détournement, de corruption, il faut toujours attendre les décisions judiciaires. Pourquoi les autorités administratives ne sanctionnent pas ? Lorsqu'il y a un rapport avéré, quelq'un est soupçonné d'avoir détourné les fonds publics ça peut aussi commencer par les autorités administratives de qui relève le gestionnaire, ils doivent prendre leurs dispositions mais on dit toujours il faut aller à la justice, on vous amène un DG on vous dit qu'il a détourné, les faits sont là mais vous pouvez prendre des mesures préventives en attendant que la justice puisse venir pour confirmer les faits", a fait savoir le chef de service de l'IGF.

Lancés par le Chef de l'État Félix Tshisekedi, les travaux des états généraux de la justice se poursuivent sous le thème : "Pourquoi la justice congolaise est-elle qualifiée de malade ? Quelle thérapie face à cette maladie ?". Il est question, au cours de ces travaux, de faire un diagnostic, une autopsie de la situation de la justice congolaise et proposer des solutions et des réformes pour pouvoir relever ce secteur de la vie nationale. Plusieurs participants venus de divers horizons prennent part active à ces assises.

Ces travaux interviennent 9 ans après les états généraux de 2015, organisés sous le règne du Président Joseph Kabila Kabange par le ministre de la Justice et des Droits humains Alexis Thambwe Mwamba.

Clément MUAMBA