Le débat sur une éventuelle révision de la Constitution congolaise prend de l'ampleur en RDC. Contactées à ce sujet , des organisations de défense des droits des femmes livrent leurs points de vue.
"D'une part, cette révision pourrait renforcer les droits des femmes, garantissant une meilleure représentation dans la loi fondamentale. Cependant, il est essentiel de rester vigilant face aux intentions sous-jacentes, surtout dans un contexte où les révisions peuvent servir à prolonger le pouvoir en place ", soutient Merry Kapula, coordonnatrice de Hope Live qui insiste sur la nécessité d'intégrer des dispositions robustes pour protéger les droits des femmes, en particulier contre la violence basée sur le genre, l'accès à l'éducation, et l'inégalité salariale. Elle appelle également à des consultations publiques inclusives, ciblant spécifiquement les femmes, y compris celles issues de groupes marginalisés, pour garantir que leurs voix soient entendues.
"La participation active des femmes est cruciale pour s'assurer que leurs droits sont intégrés dans la nouvelle constitution", conclut-elle.
Pour Grâce Shako, coordinatrice nationale de l’ONG Leadership des femmes des médias, l'engagement du président Tshisekedi à réviser la loi fondamentale doit être analysé avec prudence.
"Bien que la révision concerne tous les Congolais, les femmes doivent exprimer leurs besoins, notamment un changement tangible dans leur pouvoir d'achat et les lois qui les protègent", affirme-t-elle. Elle note que les femmes souffrent particulièrement dans l'Est du pays et que la paix doit être une priorité. "Nous avons besoin de lois qui soient réellement appliquées. La discrimination à l'égard des femmes demeure omniprésente et il est nécessaire que la justice intervienne", a-t-elle déclaré.
Concernant la révision, elle précise "qu'elle sera bénéfique si elle tient compte des conditions des femmes. Sinon, nous ne pouvons rien attendre de positif." Elle plaide également pour un référendum afin d'assurer la participation des femmes au processus. « La voix des femmes, majoritaires en RDC, doit être entendue dans cette révision », renchérit-elle.
De son côté, Florence Kapila, coordonnatrice adjointe de l’association les femmes de valeur, souligne que cet engagement du président Tshisekedi à réviser la loi fondamentale est un signal positif. Cependant, elle insiste sur l'importance d'une révision qui prenne réellement en compte les réalités des femmes et qui ne soit pas simplement une manœuvre politique. Elle met en avant l’opportunité que représente cette révision pour améliorer la protection des droits des femmes et promouvoir l'égalité des sexes.
Elle prévient toutefois que cela dépendra des décisions qui seront prises : "Si les droits des femmes ne sont pas intégrés dans la nouvelle constitution, cela pourrait aggraver les inégalités." Elle évoque également les défis actuels auxquels font face les droits des femmes en RDC, notamment la législation insuffisante, le manque de protection juridique, et les pratiques culturelles discriminatoires.
"L'absence de lois claires sur la violence basée sur le genre et les droits reproductifs représente des défis majeurs", souligne-t-elle.
Florence Kapila appelle à l'inclusion de dispositions claires dans la révision, telles que l'égalité de genre, la protection contre la violence domestique et sexuelle, ainsi que des quotas pour garantir la représentation des femmes dans les instances décisionnelles. Elle plaide aussi pour l'organisation de consultations publiques qui permettent aux femmes de s'exprimer sur les enjeux constitutionnels.
Nancy Clémence Tshimueneka