Égalité de genre au sein des entreprises : entre rémunération et promotion, les employeurs s'expriment sur les politiques mises en place

Photo/ Droits tiers
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Suite à la récente proposition de loi initiée par Modeste Bahati Lukwebo, visant à prévenir et sanctionner les discriminations envers les femmes dans le milieu professionnel, le Desk Femme d'Actualité.cd a rencontré quelques employeurs à Kinshasa pour recueillir leurs témoignages sur les politiques de rémunération et de promotion mises en place au sein de leurs entreprises afin de promouvoir l’égalité des genres.


Bien que la plupart des entreprises interrogées affirment avoir mis en place des politiques visant à promouvoir l'égalité des genres, les témoignages révèlent une grande diversité de pratiques.

Martin Nsaka, directeur des ressources humaines chez Femar, souligne l'importance de la transparence : "Nous avons mis en place un système de rémunération basé sur une grille de compétences, ce qui permet d'éliminer toute forme de discrimination liée au genre. De plus, nous avons établi des objectifs de représentation des femmes dans les postes de direction, et nous les encourageons activement, car nous croyons fermement que la diversité favorise la performance."

De son côté, Freddy Tshikenya, CEO de La Bonne Bouffe, insiste sur la nécessité d'une culture d'entreprise inclusive : "Nous organisons régulièrement des formations à la diversité et à l'inclusion pour sensibiliser nos collaborateurs. Nous avons également instauré un programme de mentorat pour les femmes, afin de les aider à gravir les échelons et à s'épanouir dans leur carrière. Au-delà des politiques formelles, nous nous appliquons à créer un environnement de travail où chacun se sent valorisé."

Cependant, certains employeurs reconnaissent que des progrès restent à faire. Anouchka Ngwanza, responsable RH, évoque le poids des stéréotypes : "Il est difficile de changer les mentalités en quelques années. Les femmes sont souvent confrontées à des préjugés qui les empêchent d'accéder à certains postes. Malgré nos efforts, nous constatons que les candidatures féminines pour des postes de direction sont souvent moins nombreuses. Nous ne pouvons pas forcer la parité si le vivier de candidats n'est pas suffisant."

Adolphe Mafuata, chef de projet chez Mabele Cop, abonde dans le même sens : "la question de l'égalité des genres est complexe. Au sein de notre entreprise, les compétences priment sur le genre, et parfois, il y a des raisons objectives qui expliquent le déséquilibre. De plus, certaines femmes choisissent de ne pas poursuivre leur carrière en raison de responsabilités familiales, ce qui influence notre capacité à atteindre l'égalité."

Recommandations pour améliorer l'égalité de genre

Pour une promotion efficace de l’égalité de genre au sein des entreprises, ces employeurs appellent à plusieurs actions clés :
- La sensibilisation culturelle : informer la population sur les résistances culturelles, les normes sociales et les stéréotypes de genre qui constituent un frein à l'évolution des pratiques.
- ⁠Sensibiliser les femmes à l'importance de postuler pour les postes de direction et à la valorisation de leurs compétences.
- Conscientiser les femmes à l'auto-formation dans différents domaines afin qu'elles acquièrent les compétences nécessaires pour être compétitives chaque fois que l’occasion se présente.
- ⁠inciter les entreprises à établir des collaborations avec des organisations non gouvernementales qui travaillent sur les questions d'égalité des genres pour partager les meilleures pratiques et renforcer les initiatives.
- ⁠sensibiliser les entreprises à encourager l'égalité des responsabilités familiales en proposant des politiques de congé parental qui bénéficient autant aux hommes qu'aux femmes.
- ⁠Mettre en place des évaluations régulières des politiques d'égalité de genre pour mesurer leur efficacité et ajuster les stratégies en fonction des résultats.


Nancy Clémence Tshimueneka