Proposition de loi de Modeste Bahati: les Kinoises divisées au sujet de la limitation des naissances

Photo/ droits tiers
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Une proposition de loi portant sur la répression et la prévention de toutes formes de discrimination et des violences faites à la femme a été déposée le 10 octobre au Sénat. Il s'agit d'une initiative de Modeste Bahati Lukwebo, deuxième vice-président de la chambre haute du parlement. Si cette proposition promet de lutter contre les injustices qui touchent les femmes, elle aborde également la question de la limitation des naissances, un sujet qui divise l'opinion publique.

Rencontrée ce mardi 22 octobre 2024 au marché de Matadi Kibala à Kinshasa Biatela konzi, vendeuse de tomates estime que la limitation des naissances pourrait réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie des familles. 
« En permettant aux femmes de décider du nombre d'enfants qu'elles souhaitent avoir, cette mesure pourrait favoriser leur autonomisation et leur accès à l'éducation. Mais il faut éduquer les femmes sur leurs droits avant de parler limitation des naissances », soutient elle. 

A son tour Marie Hope, militante pour les droits des femmes affirme que la limitation des naissances est essentielle pour garantir que chaque enfant ait accès à l'éducation et aux soins. « Cela permettrait aussi aux femmes de mieux gérer leur santé. Et ce contrôle de la procréation pourrait être un pas vers l'autonomisation ».

Jeanne Bedele , professionnelle de la santé, souligne l'importance de l'accès à l'éducation et aux soins de santé reproductive : « Une meilleure gestion des naissances pourrait réduire les risques de complications liées à la grossesse et à l'accouchement. Une politique de limitation pourrait aider à planifier les vies des femmes mais ça pourrait aussi être un moyen d'améliorer les conditions de vie des familles vulnérables ».

De son côté, Rosalie Mweso, mère de 3 enfants craint que cette proposition mène à des atteintes aux droits reproductifs des femmes, en restreignant leur liberté de choix.

« Limiter les naissances, c’est nous retirer notre liberté de choix. Je veux avoir la possibilité de choisir le moment d'avoir un enfant, et le nombre. Mais j’ai peur que l'État intervienne trop dans ma vie personnelle. La priorité est d'avoir des lois qui protègent les femmes des abus, pas de limiter le nombre d'enfants. Chaque femme devrait pouvoir décider de sa famille sans pression.»

Cécile Nkemba , survivante de violences, renforce ce point : « Je crains que cette loi ne devienne un prétexte pour contrôler nos corps. La vraie solution est de protéger les femmes contre les violences, pas de restreindre leur droit de procréer. »

Anuarite Djenga , activiste des droits des femmes, ajoute : « L'accent doit être mis sur l'éducation et l'autonomisation. Avant de parler de limitation, il est crucial d'informer les femmes sur leurs droits et sur les moyens de contraception. »


Propos par Nancy Clémence Tshimueneka