Chaque année, le mois d'octobre est dédié à la sensibilisation au cancer du sein. A cette occasion, le Desk Femme d'Actualité.cd s’est entretenu avec Anastasie Kabanga, sage-femme aux cliniques universitaires de Kinshasa. Elle revient sur l’importance de la prévention des cancers du sein et du col de l’utérus et partage des conseils pratiques pour prévenir ces maladies.
Madame, que signifie pour vous la campagne Octobre Rose ?
Anastasie Kabanga: Pour moi, Octobre Rose représente bien plus qu’une simple campagne de sensibilisation. C’est un moment clé pour rappeler à toutes les femmes l’importance de prendre soin de leur santé. Cette période représente une opportunité d'éduquer et de sensibiliser les femmes sur l'importance du dépistage précoce et régulier ainsi que de la prévention des cancers du sein et de l’utérus. C’est aussi une occasion de mobiliser les professionnels de santé et la société civile autour de cette cause et briser les tabous autour de ces maladies.
Quel est l'impact de cette campagne sur la sensibilisation aux cancers du sein et du col de l'utérus en République Démocratique du Congo ?
Anastasie Kabanga : Cette campagne a un impact significatif, car elle permet de toucher un large public. Octobre Rose contribue à une prise de conscience significative des cancers du sein et du col de l’utérus, il contribue à faire connaître ces maladies et à briser certains tabous. Mais aussi à encourager les femmes à consulter des professionnels de la santé pour des dépistages. De plus en plus de femmes sont informées sur les facteurs de risque, les symptômes et les moyens de prévention. L’impact d’Octobre Rose est de plus en plus visible en RDC. Les médias en parlent davantage, les associations organisent des événements. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour toucher toutes les femmes, en particulier celles vivant en zones rurales.
Quelles sont les bonnes pratiques à adopter au quotidien pour prévenir le cancer du sein ?
Anastasie Kabanga: Pour prévenir le cancer du sein, il faut adopter un mode de vie sain : une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, le contrôle de son poids, l'allaitement maternel si possible, et bien sûr, le dépistage régulier par mammographie. À ceci s’ajoutent la réalisation régulière d'auto-examens des seins et l'évitement du tabac et de l'alcool.
Pouvez-vous décrire des méthodes efficaces pour prévenir le cancer du col de l'utérus ?
Anastasie Kabanga: La prévention du cancer du col de l'utérus passe par la vaccination contre le papillomavirus humain (VPH), le dépistage régulier par frottis et une éducation sur les comportements à risque. Il est également important de limiter le nombre de partenaires sexuels et d’utiliser des préservatifs.
Quel rôle joue l'éducation et la sensibilisation dans la prévention de ces cancers ?
Anastasie Kabanga: L'éducation et la sensibilisation sont fondamentales. Éduquer les communautés, surtout les femmes permet de dissiper les mythes, d’informer sur les facteurs de risque, les symptômes et les moyens de prévention. Mais aussi de motiver les femmes à prendre soin de leur santé. Une sensibilisation efficace aide à réduire considérablement les taux de mortalité.
Comment les femmes peuvent-elles être encouragées à prendre en main leur santé et à pratiquer des auto-examens ?
Anastasie Kabanga : Nous devons promouvoir des campagnes d'information accessibles, organiser des ateliers pratiques et intégrer ces thématiques dans les écoles et les centres communautaires pour sensibiliser dès le plus jeune âge. On doit encourager les femmes à connaître leur corps, à pratiquer l'auto-examen régulièrement et à consulter un professionnel de santé en cas d'anomalie. Il est également important de démystifier l’examen et de le rendre moins anxiogène.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes concernant l'importance des dépistages réguliers ?
Anastasie Kabanga: Je leur dirais que le dépistage est un acte de courage et de responsabilité envers soi-même. Plus nous dépistons tôt, plus les chances de guérison sont élevées. Le dépistage précoce sauve des vies. Je demande à toutes les femmes de ne pas avoir peur et de consulter leur médecin ou leur sage-femme régulièrement. Je veux egalement leur dire de ne jamais négliger les rendez-vous de suivi gynécologique.
Selon vous, quels peuvent être les obstacles majeurs que rencontrent les femmes dans l'accès aux soins préventifs en RDC ?
Anastasie Kabanga: Les obstacles sont multiples : le manque de moyens financiers, la distance par rapport aux établissements des soins de santé, le manque d'informations, les tabous, et le manque de personnel de santé qualifié.
Comment remédier à ces obstacles ?
Anastasie Kabanga: Pour remédier à ces obstacles, il faut renforcer les systèmes de santé, améliorer l’accès géographique aux soins, mettre en place des programmes de dépistage gratuits ou à faible coût, sensibiliser les communautés pour changer les mentalités; et former davantage les professionnels de santé.
Quelles ressources ou programmes sont disponibles pour aider les femmes à mieux se renseigner et se protéger contre ces cancers ?
Anastasie Kabanga: Il existe de nombreuses associations et organisations qui luttent contre les cancers féminins. Elles proposent des informations, des dépistages gratuits et un accompagnement psychologique.
Selon vous, quelles initiatives ou projets peut-on envisager pour améliorer la prévention des cancers chez les femmes en RDC ?
Anastasie Kabanga: Il serait bénéfique de créer des programmes de sensibilisation dans les villages, de former des agents de santé communautaires et d'améliorer l'accès aux soins de santé dans les zones rurales. Il faut également développer des programmes de dépistage de masse, renforcer la formation des sages-femmes et des médecins généralistes, et mettre en place des politiques publiques favorables à la santé des femmes, renforcer les capacités des laboratoires pour le dépistage.
Avez-vous un dernier message ou conseil à partager avec toutes les femmes à ces sujets ?
Anastasie Kabanga: Je demande à toutes les femmes de prendre soin de leur santé, de consulter régulièrement un professionnel de santé, et de ne pas hésiter à parler de leurs inquiétudes. Je veux leur dire: « Ne négligez pas les signes de votre corps ». Votre vie est précieuse, et la prévention est la clé. La prévention est la meilleure arme contre les cancers. Ensemble, nous pouvons faire la différence.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka