Devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies mardi 8 octobre, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a accusé la rébellion du M23 soutenue par Kigali, de modifier les équilibres démographiques et culturels dans les territoires sous occupation du Nord-Kivu. Selon la ministre d'État des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, cette stratégie se matérialise par les nominations des autorités coutumières imposées par la force en vue de diviser les communautés.
“Cette ingérence s'accompagne d'une série de manœuvres illégitimes visant à restructurer l'administration locale dans les zones occupées notamment à travers des nominations d'autorités coutumières imposées par le M23 et soutenues par le Rwanda. Ce groupe cherche à modifier les équilibres démographiques et culturels, notamment dans le territoire de Rutshuru. Ces actes sapent l'autorité de l'État congolais et instaurent une administration parallèle divisant les communautés. Les transferts des populations sont signalés sous couvert de mouvement des réfugiés que nous rejetons fermement, le retour des déplacés et des réfugiés doit et sera uniquement encadré par l'État congolais avec l'appui du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés pour garantir des retours volontaire et digne”, a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner dans son intervention à New-York.
Le gouvernement congolais souligne que l'activisme des militaires rwandais sur le territoire congolais est à la base de la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est du pays.
"La situation sur le terrain est alarmante et les chiffres du désastre humanitaire dans l'Est de mon pays sont accablants. Près de 7 millions de Congolais sont actuellement déplacés vivant dans des conditions de dénuement total faisant de la RDC le pays avec la plus grande population de déplacés internes au monde. Le rapport de votre groupe d'experts confirme la présence de plus de 4000 soldats des forces de défense rwandaises sur le sol congolais dépassant les effectifs du M23. Ainsi, le Rwanda contributeur des troupes aux Nations-Unies s'ingère impunément dans les affaires de ses voisins en violation flagrante du droit international", a dénoncé Mme Kayikwamba.
À l'en croire, le rapport du Secrétaire Général sur la mise en œuvre de l'accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région des Grands Lacs est sans appel. Il met en lumière une situation sécuritaire qui se détériore, des tensions croissantes entre la RDC et le Rwanda et une crise humanitaire tragique.
Malgré l'intérêt de la communauté internationale et des organisations régionales sur la détérioration de la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo, il n'existe pas encore des avancées allant dans le sens du retour de la paix dans cette partie du pays. Kinshasa ne cesse d'accuser Kigali de ne pas jouer franc jeu dans la recherche de la solution pour le retour de la paix.
Ces dernières semaines, l'Angola a intensifié ses efforts pour le retour de la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Son représentant permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies avait annoncé que la prochaine réunion ministérielle est prévue pour la première moitié du mois d'octobre. Elle aura pour objectif de parvenir à une entente qui aboutirait à un sommet des Chefs d'État qui permettrait nous espérons de sceller une paix définitive et de normaliser les relations diplomatiques entre les deux pays à savoir la République Démocratique du Congo et le Rwanda.
Clément MUAMBA