Du bilan des 100 jours du gouvernement Suminwa à l'organisation des états généraux de la justice en RDC, en passant par la prorogation de l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri; la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Marie-Rose ATANDELE.
Bonjour Madame. Pouvons nous ensemble revenir sur votre parcours ?
Marie-Rose ATANDELE: je suis mariée, fonctionnaire de l'Etat et membre de la Fondation Elysée Mondende Azidama remedes (Femar)
En visite aux écoles EP Kamina et au Camp Tshatshi, Félix Tshisekedi a réitéré sa volonté de poursuivre la gratuité de l'enseignement de base en RDC. Quelle est votre évaluation de l'impact de cette mesure depuis sa mise en œuvre ?
Marie-Rose ATANDELE: Cette mesure a été prise de façon précipitée. Il fallait monter des stratégies et réaliser ce projet de façon progressive. Son application n'a pas encore donné de bons résultats jusque là. La qualité de l'enseignement a baissé et les enseignants ne perçoivent plus le peu de salaire qu’ils avaient avant. Ils ne sont plus motivés.
Le Gouvernement Suminwa totalise 100 jours ce 22 septembre. Quel bilan pour la Première ministre après cette centaine de jours passés à la tête de l'exécutif national, sur le plan sociétal ?
Marie-Rose ATANDELE: Le bilan n'est pas au top. C’est vrai que le champ est vaste et le travail est grand. Mais on ne voit pas encore les résultats tant attendus. Accordons leur encore un peu de temps pour les évaluer. Ma crainte est que tous les collaborateurs de la Première Ministre ne soient pas à la hauteur et que cela se répercute sur le résultat global.
D'après le Ministre de la Justice, une commission d'organisation des Etats généraux de la justice en RDC, sera mise en place à la fin du mois d'octobre pour la réforme du système judiciaire. Quels résultats attendez-vous de cette initiative ?
Marie-Rose ATANDELE: Pour que cette initiative soit une réussite, il faudra que les gens qui vont la chapeauter soient intègres et honnêtes, pour pouvoir travailler librement et réaliser des résultats palpables: l'applicabilité d'une justice vraie et équitable, sans discrimination des classes sociales.
A la demande de Bintou Keita, cheffe de la Monisco, l'Assemblée nationale tiendra une plénière spéciale sur la situation sécuritaire de l’Est. Une tribune qui sera offerte à la MONUSCO pour éclairer la lanterne des députés nationaux sur certaines questions en rapport avec l’exécution de sa mission. Comment évaluez vous la mission effectuée par la MONUSCO en RDC durant ces dernières années ?
Marie-Rose ATANDELE: Pendant toutes ces années où la MONUSCO est présente sur le sol congolais, la question de l'insécurité à l'Est du pays ne s'est pas améliorée, au contraire elle perdure et les dégâts s’accumulent.
Les députés nationaux ont prorogé l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri en proie à l'insécurité des groupes armés. Que pensez-vous de ceci?
Marie-Rose ATANDELE: Avant de proroger, ils devraient se pencher sur le résultat apporté jusque là par cette mesure et voir en âme et conscience si proroger était une bonne idée; voir s’il faudrait réellement continuer sur la même voie ou changer de stratégies.
Quelles mesures additionnelles le gouvernement peut-il prévoir pour renforcer la sécurité de ces régions ?
Marie-Rose ATANDELE: Former nos soldats, avoir une bonne armée et une police qui inspirent confiance et non celles qui traquent la population. Les munir d’armes sophistiquées, bien les rémunérer afin qu'ils soient à mesure de donner le meilleur d'eux-même. Mettre des bases dans chaque frontière avec les pays voisins afin de mettre les populations en sécurité et en confiance.
Le collectif des députés provinciaux menace de déstabiliser les institutions provinciales en échange du paiement de leurs émoluments et frais d’installation. Quelle est votre réaction face aux menaces de déstabilisation des institutions provinciales ?
Marie-Rose ATANDELE: Que les gouverneurs résolvent ce problème, ils ont droit à leurs émoluments. Néanmoins j’invite ces élus à se servir des voies officielles pour trouver gain de cause.
Deux ans après avoir passé le concours, des candidats magistrats ont manifesté, lundi dernier, pour dénoncer la lenteur dans le processus de leur nomination mais leur marche a été étouffée par la police au niveau de la gare centrale à Kinshasa. Comment avez-vous accueilli ceci ?
Marie-Rose ATANDELE: C'est inadmissible, le droit à la révendication est garantie par notre législation. Ces attitudes de la police envers une classe sociale, comme celle des magistrats, est une humiliation à leur coprs. L’Etat doit réparer tous les préjudices leur causés et répondre favorablement à l’objet de leur marche.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka