Mélanie Nguz, une femme d'une quarantaine d'années, est un visage familier des rues de Kinshasa. Chaque jour, elle sillonne les avenues, un grand panier sur la tête rempli de produits de nettoyage de vêtements.
"Je fais ce travail depuis plus de 15 ans", confie-t-elle. "C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour nourrir mes enfants. Quand on n'a pas de diplôme et pas de capital, on fait ce qu'on peut pour survivre."
Les conditions de travail de Mélanie sont loin d'être idéales. Elle travaille souvent sous le soleil ou encore la pluie, exposée à la poussière et à la pollution. Le poids du panier, parfois lourd, abîme son dos. "Mes services, je les taxe en fonction de la quantité d’habits à nettoyer. Généralement, le prix ne dépasse pas 5000fc. Mais il y’a aussi des jours où je peux circuler en vain, et finir ma journée sans avoir eu une seule offre ni demande de mes services. Le travail est dur, nous n’avons pas de contrat, pas de protection sociale. On souffre beaucoup, mais on n'a pas le choix", soupire-t-elle.
"Mes mains sont souvent abîmées par les produits, et mes pieds me font mal à la fin de la journée. Les revenus sont irréguliers et ne permettent pas toujours de subvenir aux besoins de ma famille."
Les difficultés ne s'arrêtent pas là. Mélanie doit faire face à la méfiance de certains clients qui hésitent à lui confier leurs vêtements de valeur. Elle doit également composer avec la concurrence des grandes laveries industrielles, qui proposent des services plus rapides et plus modernes.
"Les gens pensent souvent qu’en nous confiant leurs vêtements, ils ne seront pas bien nettoyés", explique-t-elle. "Mais nous avons nos propres techniques, nos propres produits. Nous prenons soin des vêtements de nos clients comme si c'étaient les nôtres."
Malgré les défis, Mélanie trouve une certaine satisfaction dans son travail." J'aime rendre les vêtements propres et sentant bon "confie-t-elle. "Marquer les clients avec un sourire quand ils récupèreront leurs habits séchés, ça n'a pas de prix."
Par ce travail, Mélanie rêve d'un avenir meilleur pour elle-même et pour ses enfants. "J'aimerais pouvoir ouvrir un petit atelier de lavage, pour travailler dans de meilleures conditions et gagner un peu plus d'argent. Je voudrais aussi que les gens reconnaissent l'importance de notre travail et nous accordent plus de respect."
Elle rêve également d’un espace dédié aux nettoyeurs ambulants, un endroit où ils pourraient bénéficier de formations. Elle souhaite aussi que les autorités prennent en compte leur travail.
"Nous avons besoin d'un endroit propre et sécurisé pour travailler. On peut nous créer un cadre des femmes nettoyeuses avec un numéro par lequel les ménages peuvent nous joindre en cas de besoin", explique-t-elle. "Nous avons également besoin de formations pour apprendre de nouvelles techniques de nettoyage et pour mieux nous protéger."
Nancy Clémence Tshimueneka