Plus qu’une simple productrice, Rose Marie est devenue une figure emblématique de ce secteur, exportant son savoir-faire jusqu’en Afrique du Sud et aux États-Unis, tout en ravitaillant de nombreuses provinces de la République Démocratique du Congo. Avec son unité de production, elle assure également un métier aux femmes de sa communauté.
"Tout commence par la sélection rigoureuse du manioc. Après lavage et épluchage, les tubercules sont râpés puis pressés pour en extraire le jus. La pâte obtenue est ensuite cuite à la vapeur, puis emballée dans des feuilles de bananiers. C'est un processus long et minutieux, mais qui garantit la qualité de notre produit" confie Rose Marie qui exerce depuis une quinzaine d’années dans ce domaine.
Dans son unité de production située à Kindelé, dans la commune de Mont Ngafula, elle fabrique chaque jour des kilos de cet aliment ( l’équivalent de 200$/semaine) de base dans la cuisine congolaise.
"Ce qui distingue notre chikwangue, c'est sa texture moelleuse et sa saveur authentique. Nous utilisons uniquement des ingrédients naturels, sans ajout de conservateurs. De plus, nous avons mis au point un procédé de cuisson qui permet de préserver toutes les qualités nutritionnelles du manioc," explique Rose Marie quand elle parle des spécificités de son produit.
Une chikwangue à la conquête du monde !
"Exporter vers l'Afrique du Sud et les États-Unis a été un véritable défi. Il a fallu adapter le produit aux normes sanitaires internationales, trouver des distributeurs fiables et faire connaître notre marque sur de nouveaux marchés."
Rose Marie insiste doublement sur les défis de l'exportation.
"La logistique est complexe, les coûts sont élevés, et la concurrence est rude. Mais grâce à notre détermination et au soutien de nos partenaires, nous avons réussi à surmonter tous ces obstacles."
Passionnée de cuisine traditionnelle, la quinquagénaire veut valoriser ce savoir-faire ancestral tout en faisant une activité économique.
“J’ai toujours été fascinée par les recettes de ma grand-mère. Et j’en conserve l’héritage. C’est comme ça que j’ai voulu partager cette tradition avec un plus grand nombre, tout en apportant une touche de modernité. La chikwangue, c'est plus qu'un aliment pour moi et ça m’aide à survivre ”.
Si l’aventure entrepreneuriale de Rose Marie est inspirante, elle n’est pas sans défis: “au début, ce n'était pas facile. Trouver des fournisseurs de manioc de qualité, mettre en place un processus de production efficace, tout cela a nécessité beaucoup de travail et de persévérance. L’approvisionnement en matières premières, notamment en manioc de qualité, est un enjeu constant “, souligne-t-elle. “Sans oublier les contraintes liées à l’énergie, à la logistique et à la réglementation. “
Malgré ces difficultés, Rose Marie est déterminée à relever tous les défis. Elle a mis en place des partenariats avec des agriculteurs locaux pour s’assurer d’une production de manioc durable et de qualité. Elle a également investi dans des équipements modernes pour optimiser sa production et améliorer les conditions de travail de ses employés.
Au-delà de son succès économique, l’activité de Rose Marie a un impact positif sur sa communauté. En créant des emplois et en valorisant un produit local, elle contribue au développement économique de Kindelé. ”En créant mon entreprise, j'ai voulu contribuer au développement de ma communauté. J'emploie principalement des femmes, et je suis fière de pouvoir leur offrir un emploi stable.”
Rose Marie a pour ambition de faire connaître sa chikwangue dans le monde entier. Elle souhaite renforcer sa présence en Afrique et conquérir de nouveaux marchés en Europe et en Asie.
”J’envisage également de développer de nouveaux produits à base de manioc, comme des farines ou des snacks. Mais aussi proposer des gammes de produits adaptés aux différents régimes alimentaires."
Par son succès, Rose Marie veut être une source d’inspiration pour de nombreux entrepreneurs congolais. ”Je souhaite que mon exemple encourage d’autres personnes à se lancer dans l’entrepreneuriat et à valoriser les produits locaux.”
Nancy Clémence Tshimueneka