"Je crois que la nature nous offre tout ce dont nous avons besoin pour guérir" rencontre avec Monique Mbala qui oeuvre pour la préservation des plantes médicinales

Photo/ Droits tiers
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A Kinshasa, Monique Mbala cultive un savoir-faire ancestral : la production de médicaments à base de plantes. Rencontrée dans son atelier, elle nous a ouvert les portes d'un univers méconnu où la science se mêle à la culture.

Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la production de médicaments traditionnels ?

Monique Mbala: J'ai grandi entourée de plantes. Ma grand-mère me racontait les vertus de chacune d'elles, comment elles pouvaient soulager les douleurs, soigner les maladies. C'est un héritage que je voulais préserver et transmettre. Je crois profondément que la nature nous offre tout ce dont nous avons besoin pour guérir. En créant ces remèdes, je redonne vie à ce savoir ancestral et je contribue à la santé de ma communauté.

Quelles sont les principales plantes que vous utilisez et quelles maladies traitent-elles ?

Monique Mbala: Nous utilisons une grande variété de plantes, mais parmi les plus courantes, je peux citer :
- Le gingembre: Il est excellent pour soulager les maux d'estomac, les nausées et les douleurs articulaires.
- La feuille de neem: Elle possède des propriétés anti bactériennes et antifongiques, et est utilisée pour traiter les infections cutanées, les problèmes de peau et les maladies dentaires.
- ⁠La moringa: C'est une véritable mine de nutriments. Elle renforce le système immunitaire, améliore la digestion et aide à lutter contre l'anémie.
- ⁠La liane du baobab: Utilisée pour ses propriétés anti-inflammatoires, elle entre dans la composition des remèdes pour soulager les douleurs articulaires et les rhumatismes.
- ⁠L'écorce de quinquina: célèbre pour ses propriétés fébrifuges, elle est utilisée pour lutter contre la fièvre et le paludisme.

Ces plantes, et bien d'autres encore, entrent dans la composition de nos remèdes traditionnels. Nous avons des formules pour traiter la fièvre, la toux, les maux de tête, les problèmes digestifs et même certaines maladies chroniques.

Quels sont les défis auxquels vous faites face dans votre travail ?

Monique Mbala: Les défis sont nombreux. Tout d'abord, il y a la difficulté à trouver des plantes de qualité, car les espaces verts se réduisent à Kinshasa. Ensuite, il faut faire face à la méfiance de certaines personnes qui préfèrent les médicaments chimiques. Enfin, il y a la question de la réglementation. Il est important de trouver un équilibre entre la préservation des traditions et la mise en place de normes de qualité pour garantir la sécurité des consommateurs.

Malgré ces difficultés, vous persévérez. Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes générations ?

Monique Mbala:Je voudrais les encourager à s'intéresser à notre patrimoine naturel et à nos traditions. Les plantes médicinales représentent une richesse inestimable. En les connaissant et en les utilisant à bon escient, nous pouvons améliorer notre santé et préserver notre environnement. Je les invite à venir me voir, à poser des questions, à apprendre. Ensemble, nous pouvons faire revivre ce savoir ancestral.

Quelle est la particularité de ces médicaments par rapport aux médicaments chimiques ?

Monique Mbala: Les médicaments à base de plantes naturelles présentent plusieurs avantages :
- Ils sont souvent moins chers que les médicaments chimiques, et sont plus accessibles à une large partie de la population.
- ⁠Les plantes médicinales ont généralement moins d'effets secondaires que les médicaments de synthèse.
- ⁠Durabilité: La production de plantes médicinales est respectueuse de l'environnement et contribue à la préservation de la biodiversité.

Quelles sont vos perspectives d’avenir?

Monique Mbala: Je souhaite développer mon activité en créant une coopérative avec d'autres producteurs. Nous pourrions ainsi mutualiser nos moyens et mieux faire connaître nos produits. Je rêve aussi de mettre en place des formations pour transmettre mon savoir et encourager les jeunes à s'intéresser à la pharmacopée traditionnelle.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka