De l’amélioration du pouvoir d’achat des Congolais, à la récente interview du président Tshisekedi, au verdict rendu dans le procès Corneille Nangaa et consorts, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Naomie Kabita.
Merci Madame de nous accorder votre temps. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Naomie Kabita: Je suis engagée dans le bénévolat et la défense des droits des vulnérables et coordonnatrice adjointe de l'initiative JERODD au Kasaï oriental.
L’amélioration du pouvoir d’achat des Congolais était au centre de la réunion des ministres en format restreint, présidée mercredi dernier par Félix Tshisekedi. A cette occasion, le Président de la République a instruit le VPM de l’Economie Daniel Mukoko Samba, et le ministre des Finances, Doudou Fwamba, d’harmoniser les mesures à prendre. Quelles mesures concrètes peuvent être prises pour améliorer le pouvoir d’achat des Congolais ?
Naomie Kabita: concrètement on peut :
- Mettre en place des mécanismes efficaces pour contrôler l'inflation, qui érode le pouvoir d'achat. Cela peut passer par une politique monétaire rigoureuse, une gestion rationnelle des finances publiques et une lutte contre les spéculations.
- Stabiliser le taux de change du franc congolais par rapport aux devises étrangères pour éviter les fluctuations excessives qui impactent les prix des produits importés.
- Investir dans l'agriculture pour augmenter la production locale, réduire la dépendance aux importations et assurer une alimentation plus abordable.
- Encourager la production locale en mettant en place des mesures incitatives fiscales et douanières, en facilitant l'accès aux matières premières et en renforçant les infrastructures.
Dans une déclaration, le Cadre de concertation de l’opposition politique et de la société civile en RDC accuse le chef de l’État de diviser la Nation congolaise et de créer des tensions pour dissimuler les incohérences de sa gouvernance. Comment analysez-vous ces accusations?
Naomie Kabita: Je pense que le Président de la République aurait dû faire preuve de plus de retenue dans certaines de ses affirmations. Cependant, il n’y a aucune intention manifeste de diviser les Congolais dans ce qu'il a dit. S'il a fait des déclarations aussi graves en public, cela suggère qu'il possède des informations que le reste de la population n’a pas. Dans ce contexte, surtout avec l'intégrité territoriale et la stabilité institutionnelle menacées, il aurait été plus judicieux pour les opposants d'exiger des enquêtes approfondies pour clarifier les choses, plutôt que d'accuser le président de vouloir diviser les Congolais.
Alors que Félix Tshisekedi déclare avoir du mal à tendre la main à ses opposants, les évêques catholiques, réitèrent leur appel à la cohésion nationale. L’épiscopat congolais exhorte le pouvoir à consolider le front intérieur afin de décourager les alliances avec les prédateurs étrangers. Comment évaluez-vous le poids de cet appel des évêques dans le contexte actuel ?
Naomie Kabita: L'appel des évêques catholiques à la cohésion nationale a un poids considérable dans le contexte actuel, surtout en RDC où l'Église a souvent joué un rôle de médiateur. Leur exhortation à consolider le front intérieur pour décourager les alliances avec les prédateurs étrangers peut renforcer la pression sur le gouvernement pour qu'il privilégie l'unité nationale et la transparence. En tant qu'institution respectée, l'épiscopat peut influencer l'opinion publique et encourager des actions concrètes pour résoudre les tensions politiques et renforcer la stabilité interne.
La justice militaire a rendu son verdict dans le procès Corneille Nangaa, ancien Président de la CENI et de ses alliés du mouvement rebelle M23. Le tribunal, siégeant à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, a prononcé des condamnations à mort contre Nangaa et les principaux leaders du M23, jugés par contumace. Quelles peuvent être les implications de ce verdict sur la scène politique et sécuritaire congolaise ?
Naomie Kabita: Sur le plan politique, cela pourrait intensifier les tensions entre le gouvernement et les groupes d'opposition ou rebelles, exacerber les divisions internes et compromettre les efforts de dialogue et de réconciliation. Au niveau sécuritaire, cela pourrait entraîner une escalade des violences de la part des factions du M23 ou d'autres groupes armés, aggravant l'instabilité dans les régions déjà fragiles. La situation pourrait également compliquer les relations diplomatiques, en particulier si des voix internationales s'élèvent contre la peine capitale ou la conduite du procès.
Fin de l’instruction dans l’affaire de l’attaque de la résidence de Joseph Kabila. Au total, soixante-cinq personnes, identifiées comme membres de la force du progrès, sont poursuivies dans cette affaire pour des actes de violence, et de tentative de déguerpissement forcé. Quelles peuvent être les conséquences politiques de cette affaire en RDC ?
Naomie Kabita: Cette affaire pourrait entraîner plusieurs conséquences politiques importantes:
- la polarisation et les tensions politiques : cela pourrait exacerber les tensions entre les partisans des partis politiques au pouvoir et les opposants. Les accusations de violence et de tentative de déguerpissement forcé peuvent intensifier les divisions politiques, notamment si les accusations sont perçues comme étant instrumentalisées pour des raisons politiques.
Quelles peuvent être les conséquences de cet événement sur la sécurité à Kinshasa et dans le pays en général ?
Naomie Kabita: Cet évènement peut entraîner plusieurs conséquences entre autres :
- L’aggravation des tensions politiques qui pourrait se traduire par une montée de la violence et des troubles à Kinshasa et dans d’autres régions.
- Le gouvernement pourrait augmenter les mesures de sécurité à Kinshasa pour prévenir des actes de violence, ce qui pourrait également conduire à des tensions supplémentaires et des confrontations.
Martin Bakole a marqué un coup d’éclat dans la catégorie des poids lourds en battant par KO technique l’Américain Jared Anderson au 5ème round. Cette victoire a permis au Congolais de s’emparer des titres North American Boxing Fédération et WBO International. Quelle est l'importance de cette victoire pour la boxe congolaise ?
Naomie Kabita: Cette victoire accroît la visibilité de la boxe congolaise sur la scène mondiale, offrant une reconnaissance importante à un sport qui n’a pas toujours eu une grande visibilité. Le succès de Bakole peut inspirer de jeunes boxeurs congolais et renforcer les investissements dans les infrastructures et programmes de boxe en RDC.
Le Mali a annoncé le 4 août rompre ses relations diplomatiques avec l'Ukraine après qu'un haut responsable ukrainien a, selon Bamako, avoué l'implication de Kiev dans l'attaque terroriste de la semaine dernière qui a causé de lourdes pertes du côté de l'armée malienne et de ses alliés russes. Quelle est votre analyse de cette crise diplomatique entre le Mali et l'Ukraine ?
Naomie Kabita: Cette décision exacerbe les tensions diplomatiques, avec des répercussions possibles sur les relations entre le Mali et d'autres partenaires internationaux qui soutiennent l'Ukraine. Elle pourrait renforcer les liens du Mali avec la Russie, dont le soutien militaire est déjà crucial pour le gouvernement malien. Cela pourrait aussi influencer la dynamique géopolitique en Afrique de l’Ouest.
Aux États-Unis, Kamala Harris a choisi Tim Walz pour être son vice-président. Pensez-vous que le choix de Tim Walz aidera à attirer des électeurs spécifiques ou à renforcer certaines bases électorales ?
Naomie Kabita: Le choix de Tim Walz comme colistier de Kamala Harris pourrait avoir plusieurs impacts sur l'électorat :
- Attraction des électeurs du Midwest : En tant que gouverneur du Minnesota, Walz peut aider à mobiliser les électeurs du Midwest, une région clé pour les élections présidentielles. Son expertise en matière de politique locale et son expérience en gestion d'État pourraient séduire les électeurs préoccupés par les enjeux régionaux.
- Appui aux questions locales : Walz est connu pour ses positions sur des questions locales telles que l'éducation et la santé, ce qui pourrait attirer des électeurs intéressés par ces politiques spécifiques.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka