Affaire forages en RDC : les paiements n’étant pas repris dans la loi de reddition des comptes 2022, CREFDL redoute le scénario du programme 100 jours suite au départ de Nicolas Kazadi à l’étranger

ACTUALITE.CD

Le Centre de recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) se dit indigné à la suite de l’autorisation de quitter le pays accordée à Nicolas Kazadi, ancien ministre des finances en RDC, soupçonné d'être le pivot du présumé détournement des deniers publics dans le projet dit des « forages » et des « lampadaires ». 

Dans un communiqué ce mardi 2 juillet, cette structure estime que le départ de l’ancien ministre des finances à l’étranger est une « fuite en avant et une manière de brouiller les pistes et de dissimuler les preuves d’un probable détournement des fonds publics ».

Selon le CREFDL, la loi de reddition des comptes pour l'exercice 2022, élaborée par le ministère des Finances, ne fait état d'aucun paiement pour le projet de « Forages », alors que les montants décaissés dépasseraient largement ceux indiqués dans les documents comptables.

« Le total des paiements affectés aux investissements transférés en provinces publics s’élève à 756.180.000 FC (376.959,12 USD) contre les prévisions de 299.551.240.477 FC (149.327.637,32 USD), soit un taux d’exécution de 0,25%. Alors que le montant décaissé dépasse largement celui renseigné dans les documents comptables », peut-on lire dans le communiqué de CREFDL.

Pour le  CREFDL, seul l’ancien ministre des finances peut  justifier ces dépenses faites en mode d’urgence en violation de la loi, en sa qualité de « gestionnaire de la Trésorerie et de l'organisation des services du Trésor en ce qui concerne l'assignation des ordres de dépenses », selon la Loi relative aux finances publiques.

Cette organisation note que les personnes actuellement détenues depuis le 27 juin dernier à la prison de Makala, dont François Rubota, ancien ministre du développement rural, et Mike Kasenga, entrepreneur, n'avaient pas la signature d'ordonnancement. 

CREFDL craint que cette affaire ne puisse ressembler au scandale des « maisons préfabriquées » des militaires, inscrit dans le programme des 100 jours du président de la République, dont 50 millions de dollars n'ont jamais été retracés.

Le Centre de recherches en finances publiques et développement local recommande donc à la justice d'étendre son enquête en accédant à tous les Ordres de Paiement Informatisés (OPI) émis par le ministre des finances lors des exercices 2021-2023 et aux Tableaux des opérations financières (TOF), afin d'établir les responsabilités de tous les acteurs impliqués dans la chaîne des dépenses publiques. Il suggère également « de recourir à l’expertise de la Cour des Comptes en cas de besoin pour des analyses approfondies de toutes les pièces comptables ». 

Bruno Nsaka