De la rencontre de Félix Tshisekedi avec Fridolin Ambongo à l'enterrement des victimes des bombardements de Mugunga, en passant par le vote pour le bureau définitif de l'Assemblée nationale. La semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Thérèse Ntumba.
Bonjour madame Thérèse Ntumba et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?
Thérèse Ntumba : je suis cadre dans une entreprise, spécialisée dans l'e-money, actrice socio-politique et licenciée en math-infos de l'Unikin.
Quelques mois après ses propos sur la rébellion en RDC, le cardinal Ambongo a rencontré Félix Tshisekedi le 16 mai pour lever tout malentendu. Qu'avez-vous pensé de cette rencontre ?
Thérèse Ntumba : C'est très encourageant de voir des hautes personnalités privilégier le dialogue en lieu et place des attaques interposées. Cette rencontre a permis d'apaiser une tension sociale qui était en gestation. L'Église catholique reste une force sociale avec qui l'État doit travailler et collaborer pour le bien-être du peuple.
Après le souhait exprimé par Félix Tshisekedi de revoir la constitution, le mouvement Forum citoyen a procédé, à Kinshasa, au lancement de la campagne pour la défense de la constitution dénommée « Ne touche pas à ma Constitution ». Comment percevez-vous cette action ?
Thérèse Ntumba Je pense que la Constitution n'est pas une matière non modifiable. Cependant, il faut mettre les garanties en place pour rassurer toutes les parties prenantes. À mon avis, ça ne vaut pas la peine de s'alarmer et de faire des procès d'intention. Il est presque nécessaire de revoir certaines dispositions de notre Constitution pour l'adapter au contexte actuel et permettre un meilleur fonctionnement de notre pays.
Les victimes des bombardements du camp de déplacés de Mugunga ont été mis en terre le 16 mai. Comment jugez-vous l'implication du gouvernement dans la protection des déplacés de guerre ?
Thérèse Ntumba : j'aurai aimé que le Président de la République en personne se rende à l'Est pour assister à ces funérailles. Ça aurait été un signe de soutien et de compassion considérable.
Cependant, la meilleure compassion pour ce peuple consiste à lui offrir la paix et la sécurité pour que pareille tragédie ne se reproduise plus.
Quelle issue selon vous pour le vote du bureau définitif de l'Assemblée Nationale ?
Thérèse Ntumba : je crois que Vital Kamerhe reste le choix idéal au vu de son expérience et de son profil. J'espère qu'ensemble avec les autres membres du bureau, ils pourront réellement jouer le rôle de contrôle de l'action gouvernementale et pousser le gouvernement à tenir ses promesses.
Cependant, il y a lieu que le choix des membres du bureau définitif se fasse dans le respect des règles démocratiques et non en excluant les autres candidats, comme on a pu le constater. Il faut que ceci soit corrigé.
Suite à une vidéo devenue virale où on aperçoit 11 députés provinciaux et un candidat Gouverneur de la Mongala, Rose Mutombo a ordonné une enquête et des poursuites. Comment peut-on mettre fin à ce système de corruption en RDC ?
Thérèse Ntumba : Le problème de notre pays est que la corruption est même dans les cœurs de ceux qui doivent la combattre. Pour mettre fin à ce système, il faut d'abord une prise de conscience de tous. Nous devons d'abord commencer par comprendre que la corruption ruine notre pays et met en péril l'avenir des générations futures. Il faut ensuite que le pouvoir judiciaire soit nettoyé de tous les agents corrompus pour permettre à la justice de faire son travail comme il le faut.
De plus en plus, les Kinois se plaignent de la desserte en électricité. Que faire pour résoudre ce problème ?
Thérèse Ntumba : il y a lieu que l'État confie, si possible, la gestion du courant électrique aux privés dans le cadre des partenariats publics privés, tout en gardant le contrôle de la production. Il faut en outre augmenter la capacité de production de la SNEL pour être en mesure de servir aisément tous les ménages ainsi que les industriels. Enfin, il faut recycler le réseau de distribution pour réparer tous les câbles défectueux.
Transport en commun : casse-tête pour les Kinois avec les embouteillages et la hausse de la grille tarifaire. Comment lutter contre ce système ?
Thérèse Ntumba : le transport reste un secteur économique où la loi de l'offre et de la demande influe grandement. Du moment qu'il y a peu de bus et/ou pas assez de route, en ajoutant la rareté du carburant, la population ne pourra que souffrir. Pour remédier à ce souci, il faut que l'État arrange les routes, en construisant des nouvelles pour fluidifier la circulation et permettre de réduire les embouteillages.
Après un mois de discussions organisées par les autorités maliennes de transition, quelques recommandations ont été retenues, notamment la prolongation de la transition jusqu'à la stabilisation du pays. Qu'en pensez-vous ?
Thérèse Ntumba : visiblement, il s'agit d'une stratégie pour les militaires de s'éterniser au pouvoir. Les élections doivent être organisées pour permettre aux citoyens d'élire de nouveau leurs dirigeants pour un fonctionnement normal des institutions.
En marge d'une révision constitutionnelle critiquée par les indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, une violence « assez inouïe », d'après les autorités, s'est déchaînée dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai. Comment Voyez-vous l'issue de ces manifestations ?
Thérèse Ntumba : Il est normal de manifester lorsqu'on estime qu'on n'est pas d'accord avec la démarche. Cependant, il revient d'un côté au pouvoir public de protéger et d'encadrer les manifestations pour éviter tout dérapage, et de l'autre côté, aux manifestants d'adopter un comportement responsable pour éviter toute forme de violence.
Après de violentes inondations, le Sud du Brésil est dévasté. La tragédie a fait plus de 150 morts et près de 600 000 déplacés. Comment peut-on protéger le peuple contre les inondations dans le monde ?
Thérèse Ntumba : Il y a urgence. Les dirigeants du monde doivent comprendre la nécessité de réduire les effectifs du réchauffement climatique, en prenant des mesures drastiques pouvant protéger l'environnement et limiter les catastrophes naturelles.
Au Tchad, trois ans après sa prise de pouvoir à la tête d'une junte militaire, Mahamat Idriss Déby a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle le 9 mai selon les résultats provisoires. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Thérèse Ntumba : Je salue le dénouement apaisé de ces élections, même si les opposants ne croient pas en ces résultats. Mais le Tchad avait besoin des institutions démocratiques. Il est maintenant temps que le Président nouvellement élu travaille dans l'intérêt des Tchadiens pour leur offrir des solutions aux défis multiples auxquels ils font face.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka.