Présumé rapprochement avec l’AFC : « Le PPRD doit réagir de manière plus ferme, sinon cela suscitera les soupçons des services pour retracer les responsabilités", prévient le porte-parole du gouvernement

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Patrick Muyaya

Le secrétaire général de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi), Augustin Kabuya, a, lors d'une matinée politique, accusé Joseph Kabila, ancien président de la République, de soutenir les rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu. Ces allégations surviennent après que quelques cadres du PPRD de Joseph Kabila ont rejoint l'Alliance Fleuve Congo (AFC) dans la province du Nord-Kivu, notamment portée par l'ancien président de la Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa.

Interrogé sur la position du gouvernement face aux révélations touchant à la sécurité de la République Démocratique du Congo, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, sans entrer dans les détails, estime qu'actuellement, il est impératif pour tous ceux qui défendent le Congo et la démocratie de prendre position face à la situation que traverse le pays suite à l'activisme des rebelles du M23 soutenus par Kigali.

"Concernant les propos du secrétaire général de l'UDPS, généralement, nous nous réservons de commenter dans ce cadre les activités politiques, mais il y a un fait à souligner : aujourd'hui, tous ceux qui sont attachés à la démocratie, pour tous ceux qui défendent les principes pour lesquels les pionniers de l'indépendance sont morts, doivent se prononcer lorsque des compatriotes pensent qu'ils doivent recourir aux armes, et lorsque nous voyons que ceux qui ont adhéré, trois ou quatre, viennent d'un même parti politique, j'ai cru entendre qu'il y avait une réaction, mais il faut une réaction plus musclée, car sinon, ils vont éveiller les soupçons des services pour retracer les responsabilités. Il faut faire attention à distinguer ce qui est frustration d'ordre politique de ce qui est une activité visant à tuer les Congolais, car une agression, c'est tuer des femmes, ce sont nos femmes qui perdent le plus de vies," a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement lors d'un briefing presse coanimé mercredi 3 avril 2024 avec ses collègues de l'Environnement et du Développement durable ainsi que de la Santé publique, Hygiène et Prévention.

Revenant sur les jeunes du PPRD devenus membres de l'AFC, tout en cherchant à minimiser le nombre, Patrick Muyaya estime que leur démarche ne se justifie pas d'autant plus qu'il s'agit d'une agression bien établie causant l'instabilité dans l'est.

"Vous parlez d'adhésion massive, je ne sais pas quel est le contenu qu'il donne à 'massif' lorsque vous voyez trois ou quatre individus. Nous savons tous qu'il y avait un moment le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), nous avions vu toutes les têtes, où sont-ils aujourd'hui ? Du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ? Là, ce n'est pas une rébellion, c'est une agression établie d'un pays étranger que des compatriotes pensent qu'il faut se mettre du côté de celui qui tue d'autres Congolais sous prétexte que ça ne va pas dans le pays, il y a un véritable problème. Pourquoi fait-on des élections ?" s'est-il interrogé dans son intervention.

Au niveau du PPRD, on se dit non concerné par la démarche de quelques membres de la ligue des jeunes qui ont adhéré à l'AFC. Selon Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD, l'adhésion au sein d'un parti politique est libre, tout comme le départ.

Du côté de la société civile, le président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), Jean-Claude Katende, a exprimé son inquiétude face aux accusations du chef du parti présidentiel qui, selon lui, divisent inutilement le pays. Selon lui, la justice devrait interpeller le secrétaire général de l'UDPS/Tshisekedi pour qu'il apporte des preuves de ses allégations.

Dans le cas contraire, dit-il, « Augustin Kabuya doit être poursuivi pour propagation de faux bruits et diffamation ».

Clément MUAMBA