La demande de rétablir la peine de mort en République Démocratique du Congo (RDC) suscite une vive controverse, avec des voix s'élevant pour condamner cette initiative.
Jean-Claude Katende, président de l'Association Africaine des Droits de l'Homme (ASADHO), a fermement dénoncé cette demande, la qualifiant de violation flagrante de la constitution. "Notre loi fondamentale a déjà aboli la peine de mort. La lecture des articles 16 et 61 de la constitution est claire à ce sujet. La demande qui est faite révèle l'intention de régler des comptes à certains compatriotes dans le chef des demandeurs", a-t-il déclaré. Un moratoire sur l’exécution de la peine de mort a été adopté en 2000 par la RDC. Cependant la peine capitale n’a pas encore été abolie.
Cette réaction fait suite à la présentation par Rose Mutombo Kiese, Ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, d'une note d'information lors de la 124e réunion du conseil des ministres concernant la demande du Conseil Supérieur de la Défense de levée du moratoire sur la peine de mort, notamment contre les militaires coupables d'actes de trahison.
« La peine de mort ne répare le préjudice et ne rétablit aucune harmonie sociale! Relisons les faiblesses les arguments des retentionnistes contre ceux des abolitionnistes », a pour sa part déclaré l’avocat Laurent Onyemba.
Le mouvement Ensemble contre la peine de mort (EPCM) dénonce pour sa part les conséquences dramatiques d’une reprise des exécutions, dans l’hypothèse où cette proposition venait à être appliquée. « L’application de la peine de mort n’aura aucun effet sur le terrain en dehors de nourrir des idées fausses et dangereuses selon lesquelles la peine de mort pourrait contribuer à mettre fin à la guerre et aux atrocités à l’Est de la RDC », dit-il. Il ajoute que « ce retour en arrière viendrait également en contradiction avec la tendance actuelle que connaît le continent africain. En 2023, 27 Etats africains avaient aboli la peine de mort en droit. En Afrique centrale, seuls le Cameroun et la RDC n’ont pas encore franchi ce cap ».
Les violents combats entre la coalition FARDC-Wazalendo et les rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu ont exacerbé les tensions. À Goma, le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants, Jean-Pierre Bemba, et le Chef d'État-Major des FARDC, Christian Tshiwewe, ont évalué la situation sur le terrain, confrontée à une escalade des affrontements.
À Kinshasa, des manifestations ont éclaté le samedi 10 février, ciblant les représentations diplomatiques et la MONUSCO. Des jeunes en colère ont exprimé leur frustration contre ce qu'ils perçoivent comme une indifférence de la communauté internationale face à la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC.