Le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) a dévoilé son deuxième rapport d'enquête menée entre les mois de mai et août derniers sur l'exécution du programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T). C’est le deuxième rapport après celui du mois de janvier consacré à la passation des marchés publics. D'après CREFDL, sur un total de 2.143 infrastructures attendues, les agences d’exécution ont livré au gouvernement un total de 311, soit un taux d’exécution de 14,5% à fin août 2023.
"Se basant sur les annonces des trois agences d’exécution, CREFDL relève que 1.523 infrastructures de base, dont 865 écoles, 567 centres de santé et 91 bâtiments administratifs pourraient être livrés au gouvernement d’ici avril 2024, soit un taux de réalisation de 71,5% par rapport aux prévisions de la première phase", a révélé Valery Madianga, directeur du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL)
Dans le même rapport, cette organisation déplore le gaspillage des ressources. À l'en croire, aucune école, ni centre de santé ou encore un bâtiment administratif n’a été construit au coût annoncé dans le programme.
"Selon nos enquêtes, les ingénieurs ont déclaré que le coût de construction varie entre 100.000 $ et 150.000 $ et diffère par zone géographique. Ainsi, la comparaison entre le coût du programme et de mise en œuvre creuse un manque à gagner de près de 250 millions USD", a déploré M. Madianga.
Lors d'un récent briefing à la presse, la Ministre d'État, ministre du Plan Judith Tuluka, a annoncé que d'ici décembre, le gouvernement va réceptionner 916 ouvrages dans le cadre du PDL-145T. A la question de savoir, pourquoi cette contradiction des chiffres, Valéry Madianga précise que les livraisons techniques des ouvrages ne signifient pas la fin des travaux.
"Nous, on n’a pas voulu rester sur les tranches. Nous avons fait une projection pour savoir ce qui sera prêt parce que ce qui se fait maintenant c'est une livraison technique, or les marchés publics c'est la livraison totale, c'est-à-dire on a livré pour l'utilisation. On ne veut pas se fier à cette livraison partielle, c'est pourquoi nous avons voulu être réaliste jusqu'au mois d'avril 2024, on aura au moins 74% des réalisations. Nous avons bien dit qu'à cette date là s'il n'y a pas d'autres petits soucis d'ordre technique, le gouvernement pourrait réceptionner 1523 infrastructures de base sur près de 2000 attendues.Avec les 900 ouvrages annoncés plus les 300 on est pratiquement dans les mêmes chiffres, c'est pourquoi nous avons projeté jusqu'en avril 2024", a-t-il fait remarquer en répondant à une question de ACTUALITE.CD.
Le PDL-145T vise principalement à « réduire les inégalités spatiales, redynamiser les économies locales, et transformer les conditions et le cadre de vie des populations congolaises vivant dans les zones rurales mal desservies par les infrastructures et services sociaux de base ». Son coût initial était estimé à 1,66 milliard de dollars américains sur une période de 3 ans. Le premier volet du programme, qui concerne la construction de 2.131 infrastructures comprenant 788 centres de santé, 1.198 écoles et 145 bâtiments administratifs, est évalué à 511 millions de dollars américains.
Le budget alloué au deuxième volet du projet, qui concerne l'entretien et la réhabilitation de 40.000 kilomètres de routes de desserte et des ouvrages d'art associés, s'élève à 1,25 milliard de dollars américains (à ajouter aux 1,66 milliard de dollars américains pour obtenir le coût total du PDL-145T), selon les informations communiquées par Judith Tuluka, ministre d'État, ministre du Plan lors d'un briefing au mois de novembre avec son collègue Patrick Muyaya
La mise en œuvre du PDL-145T est assurée par 3 agences à savoir : le Bureau Central de Coordination (BCECO), la Cellule d'exécution des financements en faveur des États fragiles (CFEF) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Clément MUAMBA