Déployée dans l'Est de la RDC en novembre 2022, la force de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) a entamé ce 3 décembre 2023, son départ du territoire congolais. Le premier groupe d'une centaine de militaires kényans a quitté Goma à 5 h 00, heure locale, à destination de Nairobi. Un retrait qualifié de mascarade à quelques jours de la tenue des élections, par Maud-Salomé EKILA BOFUNDA, militante et porte-parole d'Urgences Panafricanistes.
Maud-Salomé EKILA BOFUNDA estime que les troupes de l'EAC ne vont pas complètement quitter l'EST, elles vont laisser des mercenaires qui vont continuer à piller les minerais de la RDC.
"L'EAC était déjà sur le territoire congolais de façon illégale et elle ne repartira pas complètement. » Ils vont laisser des mercenaires qui vont continuer l'exploitation illicite des minerais congolais, c'est trop important dans le fonctionnement de leur économie," souligne-t-elle.
Et de poursuivre :
"Il fallait voir dès le départ, derrière le déploiement des troupes de l'EAC, autre chose que la sécurisation des populations congolaises ou un soutien au pouvoir congolais pour lutter contre le M23. Il est grand temps que les Congolais comprennent que ce qui est en train de se passer sur notre territoire est autre que ce qu'on nous montre officiellement. Les Congolais doivent systématiquement se remettre en question et réfléchir autour de chaque discours que présente le gouvernement."
Pour elle, la paix dans l'Est est tributaire des paramètres qui dépassent complètement les enjeux régionaux, téléguidés par des puissances qui sont en dehors du continent africain. Et tant que ces puissances auront un intérêt à exploiter le sol congolais, Maud-Salomé Ekila reste persuadée qu'elles utiliseront toujours comme proxy des différents régimes africains dont certains se retrouvent dans l'EAC comme l'Ouganda, le Rwanda et bien d'autres qui permettent l'alimentation des milices dans l'Est pour déstabiliser la RDC, semer le chaos et piller les ressources.
La militante estime que la vraie paix dans l'Est réside dans la prise de conscience de la population congolaise face aux enjeux de cette guerre qui sévit depuis plusieurs décennies. Une population congolaise qui comprend tous les contours de ce génocide perpétré sur la population pour des minerais congolais, une population qui comprend que pour pouvoir obtenir la paix il faut préparer la guerre. Et la guerre aujourd'hui, pour Maud Ekila, se situe à plusieurs niveaux : sur le terrain, une guerre médiatique qui consiste à communiquer pour dire tout haut tout le contour de ce conflit.
Elle appelle la RDC à lutter à armes égales en arsenal et puissances militaires, et réformer profondément des institutions, notamment avec la justice, si elle veut bien remporter contre toutes ces puissances qui sèment le chaos et empêchent que cette paix soit réelle en RDC.
La force de l'EAC était arrivée à Goma pour faire face à la résurgence de la rébellion du M23. Elle a été très critiquée en RDC. Kinshasa lui reproche de ne pas avoir contraint les rebelles à déposer les armes. Et pour ne pas laisser de vide sécuritaire après le retrait de cette force, le gouvernement congolais compte sur le déploiement des troupes de la SADC, mais leur arrivée tarde à se concrétiser. Le calendrier pour la suite du retrait des troupes de l'EAC de la RDC n'a pas été communiqué.
Nancy Clémence Tshimueneka