L'Union européenne a annoncé le 29 novembre l'annulation de sa mission d'observation électorale en République démocratique du Congo, pour des raisons techniques qui échappent à son contrôle. Néanmoins, elle se dit prête à observer les élections à partir de Kinshasa. Les Kinoises rencontrées dans les rues ce 04 décembre regrettent ce retrait et appellent le gouvernement congolais à trouver un terrain d'entente pour permettre à l'UE d'observer le processus sur l'ensemble de la République.
« Je ne suis pas d'accord avec cette manière de faire à quelques jours des élections. Si la CENI envisage un processus crédible, pourquoi elle doit chercher à travailler en cachette ?" 'interroge Sanga Judith, vendeuse dans une boutique d'habillement au marché de Pompage et mère de 3 enfants.
"L'UE est venue pour observer les élections, si on n'a rien à cacher, on doit ouvrir l'observation du processus à tous. Kinshasa ne représente rien au regard de toute la République. Le gouvernement doit permettre aux observateurs européens d'observer le processus sur toute l'étendue du territoire national," a-t-elle renchéri.
Pour Antoinette Mayoka, vendeuse des fruits au marché de Pompage et mère de 2 enfants, le retrait de la MOE de l'UE démontre à suffisance que le processus électoral en cours en RDC n'est pas du tout crédible.
"Ce retrait prouve que le processus en cours n'est pas transparent. Il y a une fraude qui se prépare et l'UE ne peut pas se permettre d'être mêlée à des irrégularités. Qu'à cela ne tienne, nous invitons la RDC à reprendre le dialogue avec l'UE et trouver des compromis pour lui permettre d'observer les élections, sinon nous n'accepterons pas les résultats qui nous seront imposés le 20 décembre."
De son côté, Madeleine Mwimbu, infirmière au centre Bon Berger de Pompage, estime que l'UE devrait se conformer à la réglementation congolaise pour fonctionner sur le sol congolais.
"Selon ce que j'ai lu dans les médias, il se fait que la MOE s'est retirée parce que le gouvernement n'a pas donné l'autorisation pour qu'ils déploient les appareils satellitaires. Je soutiens cette décision et encourage le gouvernement à organiser les élections sans interférence occidentale. Lorsqu'ils organisent les élections chez eux, il n'y a pas de missions d'observation africaines. Nous sommes une nation indépendante, nous ne sommes pas sous tutelle de l'UE. Avec ou sans cette mission d'observation, les élections auront lieu sans problème, nous n'avons pas besoin de leurs approbations pour valider le vainqueur aux prochaines élections."
À Philomene Kapita, assistante à l'UPN, de renchérir : "les élections sont une matière qui relève de la souveraineté nationale, il est vrai qu'il faut ouvrir la porte à toutes les parties prenantes, mais il faut aussi veiller à ce que les ennemis de la République n'en profitent pour nous espionner et accéder aux secrets d'État. Il revient à la MOE de se conformer aux lois et règles de notre pays pour nous rassurer qu'ils ne viennent pas avec des agendas cachés. Avec ou sans l'UE, les élections du 20 décembre seront transparentes et apaisées", a-t-elle soutenu.
Le gouvernement congolais a, de son côté, pris acte de cette décision qu'il juge "unilatérale", et se dit ouvert à toute proposition des missions d'observation favorisant l'organisation des élections le 20 décembre prochain, dans le respect des règlements et lois du pays.
Entre-temps, plusieurs autres missions d'observation sont en cours de déploiement à l'instar de Regard citoyen avec 22 500 observateurs déployés sur le terrain, dont 500 de long terme, la MOE CENCO-ECC qui prévoit de déployer sur le terrain 60 000 observateurs.
Les organisations régionales prévoient de déployer aussi leur mission d'observation, comme celle de la CEEAC qui envisage de déployer une mission d'observation électorale de plus de trente personnes comprenant une équipe technique d'encadrement et des observateurs électoraux, tous ressortissants des États membres, la SADC, ainsi que l'Union africaine qui compte déployer ses observateurs du 11 au 26 décembre.
Il y a également d'autres organisations telles que la Synergie des missions d'observation citoyenne des élections et la Nouvelle société civile congolaise, deux organisations de la société civile qui se sont mises d'accord pour mutualiser leurs forces pour la suite du processus électoral.
Cette unité sera notamment manifeste dans le déploiement des observateurs électoraux dans tout le pays pour les élections générales qui auront lieu le 20 décembre.
Nancy Clémence Tshimueneka