Les avocats de Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint d’ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique, dénoncent la désignation d’un expert agréé par le tribunal qui est aussi greffier devant les mêmes juridictions. Ils demandaient depuis des semaines une contre-expertise par un expert indépendant au vu des incohérences dans le dossier de l’instruction .
« Le tribunal n'a pas répondu à tous les chefs des demandes formulées par la défense, notamment la désignation des experts qui ont été sollicités par le journaliste Stanis Bujakera. Le fait de n’y avoir pas répondu dans son avant dire droit et le fait d’avoir désigné un expert dont l’expertise n’est pas avérée, qui n’a non seulement pas comparu devant le tribunal pour être clairement identifié au cours d’une audience publique peuvent être consécutifs quand-même d’un mal jugé », a déploré Me Charles Mushizi, l’un des avocats de Stanis Bujakera qui demande au tribunal de « donner à notre client toute la latitude d’aller en appel ».
Dans son jugement avant dire droit, le tribunal n’a pas répondu à la requête de la défense qui avait porté son choix sur deux experts à savoir, Gary Miller, expert américain de la lutte contre l'espionnage numérique et Emmanuel Gontcho, expert congolais et directeur général de l’agence G&G, mais il a désigné l’expert agréé par le tribunal en informatique, un certain Kambula Mulowayi qui n’est autre qu’un des greffiers du
« L’expert désigné par le tribunal est un préposé de l’Etat d’abord, et donc il ne peut pas démontrer une indépendance suffisante par rapport au tribunal parce qu’il est greffier devant le même tribunal mais aussi par le fait que personne ne peut à ce jour attester de ses compétences en matière de réseau, graphologie et d’autres expertises spécifiques qui sont voulues par rapport aux préventions qui sont mises à charge de notre client », a souligné Me Mushizi.
Les avocats ont aussi renouvelé leur demande de remise en liberté provisoire de Stanis Bujakera. La décision du tribunal est attendue au plus tard lundi. Entre-temps, l’affaire est renvoyée au 22 décembre, deux jours après la date officielle des élections générales..
Le journaliste est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Il s’agit des préventions qui risquent de coûter au journaliste 10 ans de prison.
Une enquête publiée lundi par Actualite.cd et des partenaires du consortium Congo Hold-Up, en collaboration avec Jeune Afrique, a démontré que les éléments techniques mis en avant par l’accusation, sur la traçabilité par les metadonnees et l’adresse IP, étaient techniquement impossibles. WhatsApp, Telegram et Bullhost, propriétaire de l’adresse IP attribuée à notre confrère, ont tous démentis chacun à leur manière les affirmations de l’expert du parquet.
La défense de Stanis Bujakera estimait qu’une contre-expertise par un expert qualifié permettrait de prouver l’innocence de son client, en exposant les faiblesses dans ce dossier.
Arrêté le 8 septembre dernier à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, Stanis Bujakera est poursuivi pour un « faux document » attribué à l’ANR sur base duquel un article de Jeune Afrique non signé par Stanis, retrace le rôle qu’aurait joué le service de renseignement militaire dans l’assassinat du député et opposant Chérubin Okende.