L'Association Congolaise des Femmes Journalistes de la presse écrite (ACOFEPE) et le Réseau des Femmes Leaders pour l'accès à la parole (RFLAP) annoncent le début d'un monitoring portant sur la sécurité et la protection des femmes candidates au cours de la campagne électorale. Interrogé par le Desk Femme d'Actualite.cd Grâce Israëlla Kangundu Ngyke, présidente de ces deux structures précise que cette initiative vise à identifier les cas de violence numérique portant atteinte à l'intégrité physique et psychologique des femmes candidates pendant la campagne.
Mme Ngyke, comment définiriez-vous les violences numériques ?
Grâce Ngyke : La violence numérique fait référence à l'utilisation des technologies numériques pour intimider, menacer, harceler ou attaquer une personne ou un groupe de personnes. Cela peut inclure des comportements tels que le cyber-harcèlement, la diffusion de fausses informations, le piratage informatique, la diffusion de contenu inapproprié en ligne. Ces formes de violence peuvent avoir des conséquences graves sur la vie privée, la sécurité et la santé mentale des victimes.
Que pouvez-vous nous dire à propos des différents types de violences numériques ?
Grâce Ngyke, nous avons le cyberharcèlement, qui peut inclure des insultes, des menaces ou des commentaires offensants en ligne, la diffusion de fausses informations ou des rumeurs qui peuvent nuire à la réputation ou la vie privée d'une personne, le doxxing qui consiste à publier les informations personnelles ou professionnelles de quelqu'un en ligne sans son consentement, le revenge porn qui implique la diffusion de photos ou de vidéos intimes d'une personne sans son consentement ainsi que les attaques de piratage informatique.
Que dit la Loi congolaise sur les violences numériques ?
Grâce Ngyke : Le chef de l'État, Félix Tshisekedi, a promulgué le 13 avril 2023 le Code numérique de la République démocratique du Congo, un nouvel instrument juridique qui régule désormais le secteur du numérique. Ce code vise à lutter contre les fausses informations, les diffamations, le cyber harcèlement et d'autres actes violant la vie privée des citoyens. L'article 360 du Code du numérique congolais punit toute personne qui initie ou relaie une fausse information contre une personne par le biais des réseaux sociaux ou d'autres supports électroniques. Il faut souligner que la loi congolaise prévoit un principe de responsabilité solidaire, ce qui signifie que tous les membres des plateformes en ligne TikTok, Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp, et autres sont responsables des actes de chacun des membres.
Pouvez-vous nous parler du rapport que vous comptez produire sur les violences numériques ?
Grâce Ngyke : l'ACOFEPE et RFLAP ont enregistré plus de cinq cas de femmes candidates qui étaient victimes de violences numériques avant la campagne électorale. Nous avons analysé que ces attaques étaient faites pour nuire à la femme et la démoraliser à abandonner sa lutte. Alors que nous appuyons la participation des femmes dans la politique. Après le monitoring, un rapport de dénonciation sera publié pour mener un plaidoyer sur la protection de la femme candidate en milieu politique.
Comment avez-vous procédé pour réaliser ce rapport ?
Grâce Ngyke : Pour réaliser ce rapport, nous avons ciblé toutes les femmes candidates de la RDC et le travail de monitoring sera réalisé par plusieurs organisations de défense des droits des femmes. Nous travaillerons également en synergie avec d'autres organisations de la société civile se trouvant en province pour la collecte des données, les femmes candidates sont nos premières sources d'informations. Les critères sont simples, il suffit d'être femme candidate, enregistrée officiellement par la Commission Électorale Nationale Indépendante et ayant la certification de postuler aux élections 2023.
Pour recueillir les résultats, il y a un formulaire sous forme de lien qui va être envoyé à toutes les femmes candidates et ce formulaire va contenir des questionnaires.
De quelle manière ces violences numériques se manifestent-elles
Grâce Ngyke : les victimes de violence numérique, en particulier les femmes, peuvent faire face à ces violences de plusieurs manières.
Voici quelques conseils :
* Ne pas répondre aux messages ou commentaires offensants et bloquer l'auteur de la violence numérique
* Conserver les preuves de la violence numérique, telles que les captures d'écran ou les enregistrements audio et vidéo
* Signaler la violence numérique aux autorités compétentes ou aux plateformes en ligne où elle se produit
* Demander de l'aide et du soutien à des organisations de défense des droits des femmes ou à des groupes de soutien pour les victimes de violence.
Votre dernier mot
Grâce Ngike : Mon dernier mot est d'assurer un accompagnement équilibré des femmes candidates à ces élections et de savoir se défendre contre toutes attaques numériques pouvant leur déstabiliser sur le plan moral et physique. Car nous visons la participation accrue des femmes dans le monde politique.
Propos recueillis par Grâce Guka