Trois mois après l'incendie qui s'est produit au Camp PM, les vendeuses ont repris leurs activités commerciales au marché Matadi Kibala de manière officieuse. Les femmes sont rentrées le long de la grande route, vendant à même le sol, au milieu des câbles électriques, à côté des arrêts des véhicules et autres camions. Le Desk Femme d'Actualité.cd s'est entretenu avec quelques vendeuses ce 28 novembre pour échanger sur les conditions dans lesquelles elles exercent leurs activités.
Mimy Misenga, vendeuse d'épices décrit la situation : "nous sommes conscientes du danger que cet endroit représente. Mais ce n'est pas du tout humain que les autorités nous laissent travailler dans ces conditions. Il y a les arrêts des bus et les gros camions qui viennent du Kongo Central, et stationnent presque partout. Il peut arriver qu'un chauffeur perde le contrôle en voulant stationner et cela peut occasionner de grandes pertes en vie humaine."
Mathe Katuka, vendeuse de céréales, précise que "le camp PM où on a été envoyé, après notre délocalisation, est trop petit pour contenir tous les commerçants et les marchandises. On avait accepté d'y aller pour éviter le même drame que celui de 2022. Malheureusement, il est dans un milieu reculé et renfermé qui ne permet pas l'écoulement rapide des marchandises."
Bibiche Wambo, vendeuse de fruits, craint le pire durant cette saison de pluie.
"Avec les pluies qui s'abattent et les câbles électriques qui nous entourent, je crains une situation similaire à celle de février 2022. Après l'incendie du camp PM, le gouverneur avait promis de repasser 3 jours plus tard avec des solutions, mais jusqu'aujourd'hui aucune solution n'a été trouvée et le gouverneur n'est jamais rentré."
De son côté, Dorcas Kawandjo appelle les autorités urbaines à prendre des précautions pour prévenir le danger.
"Nous sommes abandonnés à notre triste sort. Nous survivons grâce à ces activités, et on ne peut pas quitter ce lieu pour un endroit qui ne nous permet pas de vendre. Les autorités sont conscientes que tout ceci représente un danger mais ne font rien pour nous aider à sortir de cette situation."
Ce lieu de négoce fait le plein de marchands et de clients qui viennent s'y approvisionner en divers produits de consommation, notamment des produits vivriers.
Pour rappel, un autre incendie avait eu lieu au même endroit le mercredi 2 février 2022, occasionnant le décès de 26 commerçants dont 24 femmes et 2 hommes.
Après cet événement tragique, le gouvernement avait annoncé la délocalisation du marché Matadi Kibala vers le camp PM, la fermeture immédiate de tous les marchés informels près de Matadi Kibala, et la délocalisation des arrêts de bus venant du Kongo Central vers le site de Mitendi, interdisant ainsi le déchargement des marchandises au marché Matadi Kibala.
Avant les deux incidents, le gouverneur de Kinshasa avait annoncé en 2020 le début des travaux de construction d'un marché moderne de Matadi Kibala. Ces travaux n'ont toujours pas commencé. En août dernier, Gentiny Ngobila avait rassuré que les travaux débuteront dès que les fonds seront disponibles. Mais d'autres sources évoquent un conflit foncier sur le site prévu pour la construction de ce marché.
Nancy Clémence Tshimueneka