Le 24 novembre en Tanzanie, un sommet de l'EAC a porté sur la question sécuritaire dans l'Est de la RDC et les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali. Lors de ces assises, le gouvernement congolais a affirmé qu'il ne prolongerait pas le mandat de la Force Régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est au-delà du 8 décembre 2023. Cette décision a été notée et le sommet a ordonné aux Chefs d'État-major de l'EAC et de la SADC de se réunir avant cette date pour soumettre des recommandations aux ministres de la Défense, à des fins d'examen ultérieur par le sommet.
Les Kinoises rencontrées dans les rues de la capitale déplorent le recours de Kinshasa à des forces extérieures pour restaurer la paix dans l'Est. Elles demandent aux forces de l'EAC de quitter le territoire congolais avant le 08 décembre.
"J'ai l'impression que nos autorités n'arrivent toujours pas à tirer des leçons de tout ce qui nous arrive. Ça fait combien de temps qu'on recourt aux forces extérieures pour appuyer les FARDC, mais il n'y a toujours pas de résultat ! Pourquoi ils n'arrivent pas à comprendre que cela ne fait qu'aggraver la situation au lieu de nous aider à l'apaiser ?" S'interroge Marguerite Manga, cambiste au grand marché de Kinshasa.
Et de poursuivre :
"Je salue la décision du non renouvellement du mandat de l'EAC. Cette force doit partir avant même le 08 décembre sinon elle y sera contrainte par la force."
Pour Nadia Ngeleka, étudiante à l'IFASIC, le retrait des forces de l'EAC tout comme celui de la MONUSCO est d'une grande contribution dans le processus de restauration de la paix dans l'Est.
"Que le mandat soit renouvelé ou pas, l'EAC tout comme la MONUSCO doivent quitter le sol congolais et laisser les FARDC seules dans cette lutte. D'ailleurs, nous, peuple, sommes disposés à appuyer notre armée, et ensemble, on va vaincre l'ennemi. Mais je me demande pourquoi le gouvernement a toujours fait appel à la SADC. Que peut-elle faire de plus que notre armée ? Qu'est-ce qui prouve qu'elle sera de notre côté contrairement à l'EAC ? Pourquoi le gouvernement a tant de mal à faire confiance à notre Armée ? À un moment, on doit apprendre à se prendre en charge et arrêter de tendre la main."
De son côté, Eugénie Konda, vendeuse dans une boutique d'habillement au Grand Marché de Kinshasa, s'inquiète de l'intensification des attaques auxquelles la RDC sera appelée à faire face après le départ de toutes les troupes étrangères.
"L'EAC, la Monusco et même la SADC sont en complicité avec les groupes rebelles qui secouent l'Est, et ils courent tous derrière le même objectif, celui de déstabiliser le Congo pour jouir de ses minerais. Et si la RDC prend des dispositions aujourd'hui pour qu'ils partent, ils ne baisseront pas les bras parce qu'ils vivent de ces minerais. Ils chercheront à multiplier les stratégies pour continuer à maintenir le pays dans cette position de faiblesse et des guerres interminables. Je suis sans position devant cette décision du non renouvellement du mandat de l'EAC, mais je crains les attaques qui pourront se multiplier pour enfoncer le pays dans le chaos, une fois que toutes ces troupes auront quitté le Congo."
Aline Kanza, infirmière de formation et mère de 3 enfants, résidant la commune de Barumbu, appelle le gouvernement à insérer des cours à caractère militaire dans tous les programmes d'enseignement.
"Recourir aux forces étrangères ne nous donnera jamais la paix qu'on cherche au Congo.L'EAC doit partir et je m'oppose au déploiement des troupes de la SADC. "C'est bien de demander de l'aide, mais lorsque cette aide ne permet pas d'atteindre un objectif, pourquoi la garder ou continuer à demander ?" s'interroge-t-elle.
Dans la lutte pour restaurer la paix en RDC, Félix Tshisekedi a supervisé, le 17 novembre dernier, la signature officielle de l'Accord portant sur le statut de la Force de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), qui sera bientôt déployée dans l'Est de la RDC. Selon le Ministre Lutundula, la mission de cette force régionale sera axée principalement sur le soutien à l'armée congolaise dans la lutte contre le M23 et d'autres groupes armés qui perturbent continuellement la paix et la stabilité dans la région.
L'East African Community (EAC) dont le siège se trouve en Tanzanie compte désormais 8 pays dont le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, le Soudan du Sud, l'Ouganda, la République démocratique du Congo, et la Somalie qui a officiellement rejoint la communauté vendredi 24 novembre.
Au cours de ce sommet, le président du Burundi a cédé le bâton de commandement à son homologue sud soudanais Salva Kiir.
Nancy Clémence Tshimueneka