Campagne électorale en RDC : les candidates députées rencontrent des difficultés pour atteindre et convaincre les électeurs 

Photo/ Actualité.cd
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La campagne électorale en RDC a été officiellement lancée le 19 novembre 2023. Une semaine après, les candidates députées peinent à descendre sur terrain pour échanger avec leur électorat faute de moyens financiers. Certaines ont du mal à imposer leur plan d'actions et gagner la confiance des électeurs, d'autres se disent septiques quant à l'organisation des scrutins dans les délais.

"La campagne électorale a débuté timidement. Elle est moins mouvementée que celle de 2018. Il n'y pas assez d'ambiances électorales. Sur le terrain, il y a plus de ministres en fonction qui battent campagne que les nouveaux candidats, qui disent attendre les fonds nécessaires de leurs partis ou regroupements politiques pour lancer officiellement la campagne. D'autres ont même créé des groupes WhatsApp dont ils se servent pour communiquer leur vision avec les électeurs. Nous avons un sérieux problème de logistique, mais nous faisons avec les moyens du bord," confie Nahomie Mbangu, membre du parti politique Paneco de Bernard Kayumba, et candidate députée provinciale dans la commune de Kimbanseke et nationale dans la circonscription de Tshangu.

Et de poursuivre : "le peuple réclame plus l'amélioration des conditions de vie. Ils parlent plus du social et de la sécurité. Pour relever ce défi, nous avons mis un cahier de charge à disposition de notre électorat. Un document qui retrace en quelques lignes la circonscription de Tshangu, ses problèmes et défis majeurs ainsi que des solutions que nous avons scindées en deux catégories : les propositions de lois et le lobbying auprès des décideurs politico-administratifs."

De son côté, Constance Mbalabu, candidate députée nationale et provinciale dans la commune de Makala, circonscription de Funa, et membre du mouvement politique Alternative citoyenne de Floribert Anzuluni, note que les électeurs ont du mal à faire confiance aux discours que leur apportent les candidats. 

"Nombreux sont les candidats qui n'ont pas suffisamment de moyens pour battre campagne. Les électeurs sont perplexes devant ce nombre impressionnant qui demande de leurs voix, et ils ne croient pas à l'amélioration rapide de leur quotidien. Ils pensent que ceux pour qui ils avaient voté en 2018 n'ont pas été en mesure de faire mieux. Et ils n'ont pas de garantie que ceux pour qui ils vont voter cette fois-ci seront meilleurs. Avec la précarité, la perte du pouvoir d'achat, ils veulent voir la situation changer. Par rapport à mon offre politique, ils se montrent réceptifs."

Malgré le lancement de la campagne électorale, Eko Anta Mireille, membre de l'Alliance des Congolais pour la Refondation de la Nation de Denis Mukwege, et candidate députée nationale dans la circonscription de Lukunga, ne croit pas du tout à l'organisation des scrutins dans les délais. 

"Plusieurs regroupements politiques n'ont pas donné l'argent de campagne aux candidats par peur de dépenser inutilement, vu que tout porte à croire qu'il n'y aura pas élections le 20 décembre. La campagne étant lancée, on fait l'effort de descendre pour croiser nos électeurs, et on constate que la population ne veut pas des promesses, ni des anciennes figures. J'ai la chance d'être nouvelle dans la bataille et jeune en plus. Pour les atteindre, on fait du porte à porte. C'est ainsi qu'on prend vraiment l'occasion de mieux discuter avec eux, et les convaincre de notre offre politique."

Mélanie Yombo, candidate à la députation provinciale dans la commune de Selembao, et membre du parti politique Rassemblement des Démocrates Tshisekedistes (RDT) de Sylvain Mutombo, révèle que les candidates n'arrivent pas à atteindre les électeurs à cause de l'insécurité dans certains coins de la ville.

"Nous faisons des fois face aux Kuluna, et à cela s'ajoutent les problèmes financiers. Ce qui ne nous permet pas de bien nous rapprocher de notre base pour un partage fraternel. On ne sait pas communiquer avec certaines bases à cause de l'insécurité, c'est pourquoi on s'est lancée dans une télécampagne pour permettre à tous nos électeurs de nous partager leurs soucis."

La campagne électorale pour les candidats président et députés va couvrir la période allant du 19 novembre au 19 décembre 2023. Celle des conseillers communaux est prévue du 4 au 19 décembre 2023, et le 20 interviendront les élections présidentielle, législatives et municipales.

Selon le calendrier de la CENI, le Président élu prêtera serment le 20 janvier 2024. Les scrutins des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces ainsi que des sénateurs auront lieu le 24 février 2024. Le 30 mars, les élections des conseillers urbains ainsi que les bourgmestres et bourgmestres adjoints. Et le 27 mai 2024, les élections des maires et maires adjoints.


Nancy Clémence Tshimueneka