Une semaine après le lancement officiel de la campagne électorale en RDC, elle est bien loin de faire le plein dans les rues de la capitale. Les kinoises rencontrées ce 27 novembre notent que pour l'instant les candidats ne se font pas sentir sur le terrain pour expliquer leurs projets de société.
"À part Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi qui nous font sentir leur présence sur le terrain, la campagne pour les autres candidats présidents est timide voire inexistante. Le peu de candidats députés qui descendent vers nous ne sont pas du tout à la hauteur de l'explication de leurs différents projets de société. Le principal objectif que tous essaient d'atteindre, c'est nous faire mémoriser leurs numéros et leurs noms, ce qui n'est pas du tout logique. Ils doivent plutôt nous expliquer de manière concrète comment ils comptent réaliser tous les points contenus dans leurs différents plans d'actions pour espérer avoir nos voix," souligne Gloria Malaka, étudiante en pharmacie à l'Université de Kinshasa.
Les candidates députées n'arrivent pas à convaincre les électeurs.
« Les femmes ne sont pas du tout cohérentes dans leurs discours. La majorité des candidates que j'ai déjà eu à écouter n'arrivent même pas à expliquer clairement les différents points contenus dans leurs plans d'action. Le message phare qu'elles ont presque toutes, c'est : "voter pour la femme, centre de l'humanité" ; "Maman aye nzala esili"… Mais comment cette faim va s'estomper au moment où la maman ne sait même pas avec exactitude ce qu'elle peut faire pour arrêter ce fléau ?" S'interroge Miriam Milemba, chef des travaux à l'Université Protestante au Congo.
Pour Christelle Djangu, vendeuse au grand marché de Kinshasa, la multiplication des effigies des candidats dans la capitale ne suffit pas pour avoir les voix des électeurs.
"De nombreux candidats ne sont visibles que sur les affiches. Physiquement, on ne les connaît pas, et ils ne descendent pas non plus vers la population pour se faire connaître avant de placer les affiches partout dans la capitale. Ils oublient que ce ne sont pas les affiches qui peuvent nous pousser à voter pour eux. Ils doivent multiplier les stratégies pour espérer avoir les voix des électeurs."
Le déroulement du processus électoral continue à soulever des doutes dans le chef de certains électeurs quant à l'organisation des scrutins dans les délais et la crédibilité des opérations.
"Tous les indicateurs montrent que la CENI ne pourra pas organiser ce scrutin dans le délai tel que prévu par la constitution. Les machines ne sont toujours pas déployées dans différentes provinces de la RDC. Et même s'il y avait des élections, je doute qu'elles soient transparentes et qu'elles se déroulent dans les meilleures conditions. En plus, dès le lancement de la campagne, on aurait dû sentir l'engouement des candidats de l'Union sacrée pour nous rassurer de la tenue de ces scrutins, mais ils sont presque tous au froid. Le Président de la République vient d'ailleurs de suspendre sa campagne pour participer à la COP28. Ces attitudes laissent à croire qu'il y a anguille sous roche," soutient Merveille Benza, cadre d'une entreprise spécialisée dans les services numériques à Kinshasa.
Lancée officiellement dimanche 19 novembre, la campagne électorale va se poursuivre jusqu'au 19 décembre sur toute l'étendue de la République.
Aucun incident majeur n'a été signalé lors de cette première semaine dans la capitale. Néanmoins, six candidats dont Martin Fayulu, Denis Mukwege, Théodore Ngoy, Jean-Claude Baende, Nkema Liloo et Floribert Anzuluni ont annoncé leur volonté de traduire en justice Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante, pour non affichage des listes électorales et cartographie de vote ainsi que la qualité des cartes d'électeur. Le ministre de l'Intérieur, Péter Kazadi, pour n'avoir pas mis à la disposition de chaque candidat les 25 policiers requis par la loi pour leur protection.
Nancy Clémence Tshimueneka