Du lancement de la campagne électorale au Sommet extraordinaire de l'EAC en passant par le projet d'assainissement de la ville de Kinshasa, la semaine qui vient de s'achever a été riche au niveau de l'actualité. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Constance Mbalabu.
Bonjour Madame Constance Mbalabu. Pouvez-vous nous parler de vos activités et votre parcours ?
Constance Mbalabu Je suis journaliste de profession, ambassadrice de CONJEC en Ituri et candidate députée nationale et provinciale dans la commune de MAKALA, circonscription de Funa, membre du mouvement politique Alternative citoyenne.
Cette semaine en Tanzanie, il y a eu un sommet extraordinaire de l'EAC sur la question sécuritaire dans l'Est de la RDC et les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali. Pensez-vous que des solutions concrètes pour le retour d'une paix durable dans l'Est pourront sortir de cette rencontre ?
Constance Mbalabu : je ne pense pas que cette réunion donnera des solutions pour le retour de la paix dans notre pays. La RDC doit plutôt chercher à convaincre les chefs d'État de l'EAC pour qu'au 8 décembre 2023, les forces de l'EAC puissent partir, car leur mission a été un échec. Au lieu d'intervenir offensivement, ils ont préféré la défensive en complicité avec le M23. La solution pour trouver une paix durable réside selon moi dans le renforcement des capacités de notre armée pour la rendre plus dissuasive.
La MONUSCO et le gouvernement congolais ont signé jeudi la dernière note consacrée au début du processus de désengagement de la MONUSCO. Pensez-vous que le départ de la MONUSCO peut contribuer à restaurer la paix dans l'Est ?
Constance Mbalabu : Oui, nous pensons que nous sommes en mesure d'assurer nous-mêmes la sécurité de notre pays. Nous avons plus de 50.000 militaires formés qui sont déjà opérationnels. Ça fait plus de 2 décennies que la Monusco est dans l'Est, elle a été incapable de ramener la paix dans ce pays. Il n'y a pas longtemps, le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Gutteres, a déclaré que le M23 a des armes plus sophistiquées que la Monusco. Ce qui veut dire que la Monusco s'est reconnue impuissante devant le M23 qui nous tue tous les jours.
La campagne électorale en RDC a officiellement été lancée le 19 novembre. Comment trouvez-vous l'ambiance dans la capitale Kinshasa, 5 jours après ?
Constance Mbalabu : L'ambiance est froide. On ne sent pas l'engouement d'une campagne électorale sur terrain. Les candidats sont beaucoup plus dans les médias, et la majorité des électeurs parlent plus de Fatshi à qui ils promettent leurs voix. Les autres candidats présidents ne sont pas très convaincants, ils donnent l'impression d'attendre les résultats des élections pour se lancer dans la contestation.
Félix Tshisekedi a lancé la sienne, le même 19 au stade des Martyrs, en vantant ses réalisations durant son 1er quinquennat. Au regard de son bilan, pensez-vous qu'il a assez fait pour convaincre les Congolais de lui accorder un second mandat ?
Constance Mbalabu Son bilan est positif. Plus de 4 millions d'enfants scolarisés gratuitement, le budget quadruplé, la maternité gratuite, les bâtisses des universités, écoles et centres de santé dans 145 territoires. Le peuple préfère lui accorder un 2e mandat pour continuer la reconstruction de la RDC et consolider les acquis de ce premier quinquennat.
Franck Diongo, Matata Ponyo et Seth Kikuni se sont désistés de la course à la présidentielle en faveur de Moïse Katumbi. Que pensez-vous de ce ralliement ?
Constance Mbalabu : c'est normal, car personne parmi les 3 n'a la capacité financière pouvant lui permettre de battre campagne sur un pays 90 fois plus grand que la Belgique. Et encore, ils manquent l'encrage sociologique. La seule solution pour eux, c'était de se rallier à Moise Katumbi au prix de quelques billets de banque.
L'UE a déployé 42 premiers observateurs en RDC pour superviser les élections. Pensez-vous que cette mission pourra contribuer à la transparence des résultats et ne pas entraver la crédibilité de la CENI ?
Constance Mbalabu : c'est une mission d'observation. Nous pensons qu'elle fera bien son travail. Il y a d'autres missions analogues qui viendront des USA, Afrique du Sud, Canada, etc. Toutes ces missions contribuent effectivement à la crédibilité du processus en garantissant la transparence des opérations électorales.
Depuis le début de la campagne, on constate une mobilité des Ministres et même du Président à descendre vers leurs bases pour solliciter les voix. Pensez-vous que ceci pourrait entraîner un ralentissement dans le fonctionnement des activités gouvernementales ?
Constance Mbalabu : C'est une période de campagne. Et comme tout candidat, il va sur le terrain pour échanger avec le peuple. L'État n'est pas seulement les ministres et autres. Et même si c'était le cas, les ministères ont des services qui peuvent continuer à assurer l'exécution des décisions.
Donatien Nshole a appelé les observateurs à ne pas quitter les bureaux de vote le 20 décembre avant l'affichage des résultats. Pensez-vous qu'avec cette stratégie, la CENCO pourra assurer la crédibilité du processus ?
Constance Mbalabu : même le président de la République a donné le même mot d'ordre à ses témoins. Comme les témoins auront à signer les PV après le comptage manuel de voix, nous pensons que les choses vont bien se dérouler. Nous espérons ainsi qu'il y aura moins de contestations.
Pour contribuer à l'assainissement de la ville, le gouvernement provincial de Kinshasa a lancé le projet de production de 200 mégawatts d'énergie avec les déchets. Pensez-vous que ce projet pourra permettre d'électrifier Kinshasa et la rendre plus propre ? Comment évaluez-vous ses chances de faisabilité ?
Constance Mbalabu : la situation de la salubrité à Kinshasa est un problème sérieux et complexe. Mais nous avons appris que l'Hôtel de Ville va travailler en partenariat avec une autre société pour résoudre ce problème. Nous espérons que ce projet contribuera à la salubrité de la ville et à l'augmentation du taux de l'électrification de la ville.
Les conflits tribaux continuent à faire des victimes en RDC. Le dernier cas en date est celui de Malemba Nkulu où plusieurs personnes ont été tuées, maltraitées et violentées. Quelles stratégies, selon vous, l'État peut mettre en place pour arrêter ce fléau en RDC ?
Constance Mbalabu : en cette période de campagne, il y a toujours des gens qui s'appuient sur la corde tribale pour opposer les différentes tribus. Le cas de Balubakat et celui du Kasaï n'est pas nouveau en soi. Mais pour éradiquer ou mieux diminuer les tensions, les autorités doivent beaucoup communiquer, invitant le peuple congolais dans son ensemble, à une cohabitation pacifique. Et, si ceux qui allument le feu sont inculpés formellement, ils doivent subir la rigueur de la loi.
L'Agence congolaise de presse (ACP) a annoncé le 21 novembre, à l'issue d'une enquête initiée par sa rédaction, que durant la période allant du 20 octobre au 20 novembre, le prix des ingrédients de grande consommation à Kinshasa a haussé sur le marché. Comment, selon vous, l'État peut-il standardiser les prix des denrées sur le marché et assurer un train de vie normal aux Congolais ?
Constance Mbalabu : l'économie congolaise étant extravertie et la dévaluation avec ses effets pervers, standardiser les prix sur le marché reste aléatoire. Toutefois, l'État doit prendre le taureau par les cornes, en mettant en place une politique de production locale des biens de première nécessité. Le pays importe plus qu'il n'exporte. Avec le programme du gouvernement de la vengeance du sol sur le sous-sol, une fois appliqué correctement, la situation alimentaire sera résorbée et l'exportation sera activée pour le bien du pays.
En Islande, des milliers de femmes ont cessé tout travail depuis le 24 octobre pour dénoncer l'inégalité salariale et les violences faites aux femmes. Quelle lecture faites-vous de cette situation de discriminations basées sur le genre qui sévit presque partout dans le monde ?
Constance Mbalabu : Cette discrimination doit être combattue partout dans le monde. À compétences égales, salariés égaux. Nous encourageons le gouvernement congolais qui s'y emploie déjà, et les autres doivent emboiter le pas pour permettre à la femme de jouir pleinement de ses droits. La lutte doit continuer pour mettre fin à toutes les formes d'injustice faites à la femme.
Javier Milei, nouveau président argentin, avait promis lors de sa campagne d'abroger la loi légalisant l'avortement et de supprimer le ministère des Femmes qu'il qualifie de cadre légal des privilèges aux femmes ainsi que l'éducation à la sexualité à l'école, la qualifiant d'endoctrinement de l'idéologie de genre.
Qu'en pensez-vous ?
Constance Mbalabu : Toutes les femmes du monde doivent se lever pour dénoncer cette dérive. On ne peut pas construire une nation juste en faisant la promotion de la discrimination de sa population, en l'occurrence celle des femmes. Il est impensable qu'un président défende des idées moyenâgeuses.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka